La carte du Maraudeur

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 the hum of electric heat ↔ remus & lux

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MessageSujet: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMar 21 Oct - 19:06


thought i was lying / i wasn't worth the time / but i learned more about you just from the look in your eyes / and i was blind to how you destroyed me / you have a talent / but you know that (x)

REMUS & LUX



L’automne sert à la fois à la fabrication et à l’affirmation de la routine, ça, ce n’est inconnu pour personne. La reprise des cours, le retour à Poudlard, au dortoir, aux co-chambreuses, aux soirées froides dans la salle commune égayées seulement d’un feu de cheminée… Le retour des devoirs, des longs après-midis de recherche à la bibliothèque, des cours supplémentaires, des exercices de magie ratés et des potions qui tournent mal... Le renouveau des marches autour du Lac Noir, la redécouverte des jardins et de l’orée de la forêt interdite, plus attirante d’année en année. L’impossibilité apparente du pas arrière vers l’été, du réveil dans son lit, chez ses parents ; l’arrivée imminente de l’hiver, de la glace, des examens. Poudlard comme un brutal retour à la réalité. Poudlard, presque comme une prison dorée. Évidemment, se dit Lux, tout cela ne peut pas être que négatif. Il y a tout de même le jus de citrouille des Elfes de maison dont elle s’est ennuyé, l’odeur sauvage des serres lorsqu’elle entre en botanique,  la mélodie presque envoûtante de 50 plumes qui grattent au même rythme un contrôle sur un parchemin. De croiser des copines dans un couloir, après avoir passé l’été isolée dans le manoir familial, n’est pas mal non plus. Et surtout, il y a… non. Il ne faut pas trop y penser (au cas où que quelqu’un aux alentours puisse lire les pensées).

Au bout de la table des Poufsouffle, Lux termine machinalement son plum pudding, portant toute son attention sur les pages de Sortilège qu’elle a à lire pour le cours de cet après-midi. « L’incantation accio vous permettra, comme son nom vous en informe, d’accéder à l’usage d’objets qui ne sont pas à porter de main. Il vous faut tout d’abord vous concentrer sur— » un rire bruyant interrompt sa lecture ; Lux lève les yeux et tente d’identifier sa provenance,  mais la Grande Salle a déjà retrouvé son brouhaha ordinaire et égal. « —vous concentrer sur l’objet désiré. Il peut aider de le visualiser dans sa tête, de le rendre le plus réaliste possible : forme, couleur, taille, sensation au toucher, odeur, rien n’est trop— » encore un de ces rires ; ils sont bruyants, ils sont plusieurs, ça, Lux peut l’entendre. La clâmeur semble venir de l’autre bout de la salle. Elle secoue la tête et se concentre à nouveau sur sa lecture. Après tout, il est ridicule d’être décontenancée par un simple éclat de rire… La prochaine étape, se demande Lux, c’est quoi, c’est la police de la bonne humeur ? « forme, couleur, taille, sensation au toucher, odeur, rien n’est trop détaillé. Il se peut que le sortilège accio fonctionne mieux sur des objets de plus petite taille au début. Avec de l’entraînement, vous pourriez vous trouver capable de déplacer voitures, maisons, montagnes ! »

Fini la lecture. Lux peut maintenant se concentrer sur les rires perturbateurs. Comme un ours guettant le saumon, elle attend l’esclaffement, petit clapotis dans l’eau qui lui indiquerait l’emplacement égal de sa proie. Ça vient de la table des Gryffondor. Ça vient d’un point précis… évidemment, ça vient des Maraudeurs. Le regard de Lux se reporte immédiatement vers le reste de plum pudding froid qui traîne dans un coin de bol. Elle les cerne d’un coin de l’œil. Ils ne changent pas, d’année en année. Il y a Potter, et Sirius Black, et celui qui a l’air d’un rat… et il y a Remus, aussi. Remus avec qui elle s’entend bien. Tiens, d’ailleurs, ce matin, en se levant, elle a pensé à une chose qu’il faudrait absolument qu’elle lui dise. Depuis le retour à Poudlard, celui qui était  l’un de ses seuls grands amis, l’année précédente, redevient peu à peu un inconnu. Oh, il faut dire que Lux n’a pas fait grand chose pour y changer. Elle se dit que les gens qui l’évitent ont une bonne raison de le faire. Elle se convainc que c’est probablement qu’ils ont une bonne raison de la détester et elle ne leur reparle plus jamais. C’est une solution simple et tout de même efficace, mais ça ne veut pas dire que ce soit facile sur les émotions (aussi refoulées soient-elles). À l’autre bout de la Grande Salle, les Maraudeurs se lèvent et Remus reste derrière un instant. Eh ben, s’étonne Lux, si tu attendais un signe, ma fille, je ne vois pas ce que tu peux demander de plus. Elle repousse le bol de plum pudding et ferme le livre de Sortilèges, qui va rejoindre plume et charabia dans le cartable. Elle traverse la Grande Salle en essayant de ne pas se faire remarquer. Comment avoir l’air détendue lorsqu’on a planifié cette conversation avant même de se réveiller ? Comment parler à quelqu’un (n’importe qui !) sans avoir le cœur qui bat à 400 coups la seconde ?

Lux arrive dos à lui et lui effleure l’épaule d’une main avant de s’assoir sur le banc, à ses côtés, mais laissant tout de même une distance raisonnable entre eux. Lorsqu’elle est gênée, elle a le débit extrêmement rapide et la voix tremblante.

LUX — Hé, salut Remus ! Tu sais, la question qu’on se posait, au dernier cours de potion, sur comment apprêter les dards de Billywig ? Hier soir, j’ai trouvé un livre dans la section restreinte de la bibliothèque qui donnait quelques techniques. J’ai pas regardé spécifiquement, mais si t’as un moment d’ici le prochain cours de potion je me disais qu’on pourrait peut-être aller voir…

Hé, salut Remus, je me demandais pourquoi on ne se parle presque plus. Pas que ça me dérange tant que ça (menteuse), mais, ouais, je dois t’avouer que ça me fait quand même un peu de peine.


Dernière édition par Lux Ó Braonáin le Lun 10 Nov - 20:21, édité 2 fois
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Remus J. Lupin
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMer 22 Oct - 20:51


    Les éclats de rires lui avaient manqué.

    Un mois que les cours avaient repris à Poudlard, un mois que chaque élève retrouvait la monotonie du rythme scolaire. Pour la plupart d’entre eux, celui-ci ne connaissait que très peu d’aléas. Pour Remus, aucune journée ne lui paraissait ennuyeuse et quand bien même une accalmie venait à poindre, elle restait supportable entre les murs chauds de l’école. L’été était une pénible coupure, retourner auprès de ses parents n’avaient jamais été aussi difficiles. C’était comme revenir en arrière, retourner dans une boîte abîmée par le temps et les pleines lunes. Peu importait ô combien il aimait sincèrement ses parents, ils symbolisaient malgré eux des moments forts peu agréable. Et avec Espérance malade, l’ambiance dépressive des lieux n’avait jamais eu tant d’impact sur lui. Poudlard, malgré des tensions entre maisons et élèves, était un refuge. Paradoxalement, c’était dans ce qu’il considérait un refuge qu’il devait être vigilant ... Mais entouré des Maraudeurs, la vigilance était un poids vite oublié.

    La Grande Salle tournait ses regards vers la table des Gryffondors animée par les fanfarons habituels. James et Sirius en tête, Peter ricanait et les encourageait avec les autres. Et Remus se laissait simplement envelopper par cette bonne humeur communicative, un discret sourire sur son éternel air fatigué. Ce que les autres exécraient en jetant des regards courroucés, lui s’en satisfaisait actuellement ; le chahut, les rires, l’odeur du bacon, pour rien au monde il n’aurait souhaité être ailleurs.

    Pourtant, les choses étaient encore différentes de l’année dernière. Un poids, une inquiétude qu’il trainait depuis le milieu de l’été. Il s’était bien gardé d’en parler à qui que se soit ; il y avait tout de même des choses qu’il ne partageait pas avec ses amis. Ou du moins, essayait-il quand ils ne se faisaient pas trop insistants ...  Un livre en était la cause, ce qu’il y a de plus anodin possible. Mais à la table du petit-déjeuner, il n’y songeait pas. L’heure du premier cours approchait et les premiers élèves commençaient à déserter la salle. Remus rassemblait ses affaires, terminant son jus d’orange alors que ses amis partaient en avant. Une chose assez exceptionnelle pour être mentionnée. Alors qu’il reposait le gobelet d’or, une main effleura son épaule et dans un froissement de cape, il reconnut Lux s’installant près de lui.

    Ce qui aurait été un plaisir simple trois mois plutôt n’était plus qu’un pincement au cœur. Celle qui avait été son ami depuis plusieurs années déjà n’était plus tout à fait la même à ses yeux. Seigneur, ç’aurait été tellement plus simple. Beaucoup de choses avaient su lier la Poufsouffle et le Gryffondor ; il avait trouvé auprès d’elle le calme qui manquait souvent aux Maraudeurs, il avait trouvé auprès d’elle bien d’autres choses peu avouables. Voire pas du tout. Ses yeux bleus la scrutèrent, plus impassible et silencieux qu’elle avait pu le connaître. Ils n’avaient échangé que très peu de mots depuis la rentrée, et pour dire vrai, il n’avait aucune envie de lui parler présentement. Le gentil Remus, le calme Remus ; on ne lui connaissait pas d’excès de colère et même si elle était sourde, elle obscurcit son regard habituellement doux. Que restait-il de leur belle amitié ? A en juger la réaction du jeune sorcier, elle s’était fanée avec les prémisses de l’automne.

      — Bonjour, Lux.


    Tu es tellement injuste, Remus.

    Il était si rude, si distant. Le châtain enfouissait les livres dans son sac, fuyant le regard de l’étudiante avant de pouvoir y discerner de la déception ou qui sait, de la peine.

      — Vraiment ? C’est dommage, je ne vais pas pouvoir avoir le temps.


    Toi qui lui trouvait pourtant toujours du temps, tu n’as pas meilleure excuse, Remus.

    Sa façon de l’éviter était évidente, presque grossière. Aussi serein et réfléchi, il était pourtant maladroit dans les relations humaines qui le dépassait un peu comme ce qu’il ressentait en ce moment pour la brune. Cette colère, cette peine, cette peur, cette attirance, cette désillusion. « [...] Parmi les familles moldues les plus célèbres dans le monde des sorciers, les Ó Braonáin n’ont plus leur égal dans la chasse de loups-garous. [...] De génération en génération, le flambeau est passé jusqu’à ce jour. [...] » Juste, pourquoi ? Il ferma un instant les yeux, retenant un soupir tandis qu’il se relevait pour enjamber le banc usé. Le choc l’avait abasourdi, il avait refermé le livre pour le remettre à la même place poussiéreuse. Pas même ses parents n’avaient compris. Il était cruel d’en vouloir à l’héritière. Les mots lui brûlaient les lèvres, la gorge, la poitrine.

    Il rejeta son sac sur une épaule, lui tournant le dos. Il fuyait, en silence. Meurtri par le poids des secrets qui encombraient sa vie et par ses sentiments dont il se devait de se défaire. Poudlard était un refuge, qui d’elle ou de lui était réellement l’intrus ? Il y avait un loup de trop dans la bergerie.

    Ses éclats de rires lui manquaient déjà.

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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMer 22 Oct - 23:50

Quoi de pire que de savoir que quelque chose va arriver, mais de se convaincre si fort du contraire qu’on ne s’y attend plus du tout ? L’appréhension était si forte que la chute est d’autant plus drastique. Il est des vides, comme celui qui se créée ici en Lux, qui vous gonflent comme un ballon, qui vous exorbitent les yeux et les poumons. Ils logent des acouphènes dans les oreilles, des taches de lumière subite dans le regard, des boules de chagrin dans la gorge,  et se nichent au fond du ventre, faisant bomber l’estomac de leur rien dévastateur. Lux se trouve toute tremblante. Elle regarde Remus faire son sac comme s’il n’était né que pour ça. Tout son corps est figé dans un morbide rictus, qui a l’air aussi faux de l’extérieur qu’en dedans.

Comment a-t-elle fait pour croire qu’il y avait entre eux ne fusse que quelques lueurs d’amitié ? Maintenant, ça lui revient : quand les gens vous évitent, mieux vaut les éviter en retour et faire semblant de ne rien sentir. Sauf que le vide, cette fois-ci, est là, la douleur est palpable, Lux dirait même qu’elle est blanche, pointue et qu’elle a une odeur alcaline, aseptisée, comme le lait ou bien la porcelaine. Il est toujours désolant de constater que des sentiments que l’on ressent pour quelqu’un ne sont pas réciproques… La seule chose qui est pire, c’est de voir la personne pour qui on ressent ces sentiments faire son cartable le plus vite possible pour se sauver de nous. Que s’est-il passé dans la tête (ou dans la vie) de Remus cet été pour qu’il raye, qu’il brûle, qu’il noye dans l’eau de javel, tous les rires qu’ils ont autrefois partagés ? Oui, définitivement, rien de plus rude pour la digestion qu’une bonne et directe invalidation de sentiments qui nous habitent avec bonheur depuis plusieurs années.

REMUS — Vraiment? C’est dommage, je ne vais pas avoir le temps.

Une personne normale, dans cette situation, se serait levée pour confronter Remus, qui s’esquive vers la sortie de la Grande Salle. Une personne normale réagirait avec colère, sincère ou inquiète. Est-ce que ça va ? Pourquoi tu fais ça ? Est-ce qu’il y a quelque chose dont tu voudrais parler ? L’esprit de Lux, lui, en un instant, assume que si le Gryffondor réagit ainsi, c’est peut-être qu’ils n’ont jamais rien vécu de vrai du tout. Soudainement, les secrets partagés lors de soirées à la bibliothèque en fin d’année se transforment en conversations mondaines. Les promenades autour du lac noir deviennent de simples faits du hasard ; on s’est croisés et on a échangé quelques mots, avant de se séparer sans histoire (c'est drôle, se dit Lux, parce que, tout de même, quelque chose en moi chantait un peu lorsque tu repartais). Les coups d’œil complices en cours, les sourires dans les couloirs n’ont peut-être été, au fond, que des vagues marques de politesse — ou pire — de pitié. Mais, pourtant…

Il arrive que même lorsque le cerveau a pris une décision sans appel, les viscères protestent. Elles crient, avec indignation : « Nous étions déjà au travail lorsque tu n’étais qu’un chewing-gum mou et rose ! Nous t’ordonnions : mange, nous avons faim. Pleure, nous avons mal. » Elles réclament leur veto. « Ceci  n’est pas fini, » disent les vieilles entrailles et les vieux os qui en savent bien plus sur la vie qu’un jeune esprit volatile de 15 ans. « Nous avons été fabriqués de la poussière du temps et des relents du cosmos. Nous savons ! »

Il est trop tard pour le cerveau et ses protestations juvéniles, parce que Lux s’est déjà levée. D’un pas maladroit, qui avance et qui recule, elle se précipite vers celui qui fuit et tout d’un coup il semble que cape et vêtements la ralentissent comme rien ne l’a jamais ralentie avant. Il ne faudrait pas que Remus fuie. Ce serait peut-être la conclusion de quelque chose qui n’a pas à finir ici. Lux agrippe le bras de son ami avec toute la fermeté et la force dont est capable son petit corps (de peur, probablement, qu’il s’en détache d’un brusque mouvement), et elle lui implore, d’une voix qui sort d’outre-tombe :

LUX — je t’en prie, ne fais pas ça.


Ne fais pas ça parce que ça pourrait être la fin et que tes entrailles, comme les miennes, savent que ça n’a pas à finir ici. Il y a probablement encore des cours à réviser qui demanderont ton expertise ou bien la mienne. Ne fais pas ça parce que, de toute évidence, tu n’as pas réfléchi à ce qui arrivera aux feuilles d’automne si tu tournes le dos maintenant sur les petites et grandes choses qui nous lient. Il n’y a plus rien qui arrivera de la même manière si tu continues ta route. Il se pourrait même que les feuilles d’automne ne tombent plus avant longtemps.

Sa poigne est tremblante et sa mâchoire est serrée. Qu’est-ce qui vient de lui prendre ? L’adrénaline retombe, laissant Lux fébrile et épuisée, mais dans ses yeux clairs, toujours, brille une force redoutable qui, comme un diamant brut, n’attend que de se confronter à aussi dur qu’elle.


Dernière édition par Lux Ó Braonáin le Mar 28 Oct - 21:05, édité 1 fois
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Remus J. Lupin
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeVen 24 Oct - 0:00

    Il lui semblait alors que tous les regards convergeaient sur eux. Les élèves, les professeurs, les fantômes, les immobiles statues, sa propre culpabilité qui posait sur lui un regard désemparé et empli de reproches. Sa conscience extériorisée, les bras croisés à quelques pas, le scrutaient de ses deux sourcils froncés.

    Pourquoi mens-tu ?
    Tu es trop bon, trop honnête, trop sincère, trop loyal, Remus.

    Il n’avait jamais souhaité être le centre de l’attention, il laissait à ses amis les feux des projecteurs et les jeux de l’amour. Des amis qui déjà n’avaient jamais été supposé faire partie de sa vie, sauraient-ils pour autant s’en défaire à présent ? En cet instant, il comprenait le souhait de ses parents, l’isolement auquel ils l’avaient forcé à contrecœur. Pour que jamais il n’ait à choisir entre le cœur et la raison, entre la réalité impitoyable des choses et l’utopie dans laquelle il aimait se perdre comme tout élève insouciant. Il s’était perdu auprès de Lux, son sourire, son regard, son intelligence et sa vivacité d’esprit. La poigne de la demoiselle le surprit, elle y mettait de la force, elle ne voulait pas qu’il la repousse ni ne s’éloigne ainsi ; elle n’avait pas besoin de parler pour se faire comprendre. A vrai dire, il aurait même préféré qu’elle s’abstienne ces quelques mots. Cette demande comme une supplique, cette façon de s’agripper à lui. Son bras contre sa chaleur, il devinait les battements de son cœur accéléré par l’adrénaline, ceux-ci lui faisant la drôle d’impression de résonner jusqu’à ses tympans. Ses narines frémirent discrètement, captant les effluves de son parfum à peine changé par l’émotion. Il ne tourna pas son regard vers elle, visualisant son air désemparé.

    Je t’en prie. Oh non, ne me prie de rien.
    Ne fais pas ça. Je me protège, est-ce égoïste ?

    Ca l’était. Mais c’était également terriblement douloureux. Mais la douleur ne pouvait supplanter la colère sourde qui lui plombait les entrailles. Une colère aussi intense qu’injuste, une colère tournée vers elle, vers sa famille, vers ce livre, vers lui-même. Il ne pouvait pas lui en vouloir parce qu’il ne pouvait pas lui dire, parce qu’elle n’y était pour rien. Il aurait aimé lui dire qu’elle lui avait menti, mais c’était faux. Il aurait aimé lui dire qu’il avait peur, mais il ne le pouvait pas. Ces entrailles ne savaient rien, ils ne pouvaient écouter cette chair noircie et gangrénée, ces entrailles qui appelaient la violence et le sang quand la lune était ronde. L’instinct est le propre de l’animal, l’instinct fuit devant un ennemi.

    Finalement, le sorcier se tourna enfin vers sa collègue préfète. Son expression était telle qu’il l’avait imaginé. Si elle savait, elle n’oserait jamais ces actes là, ni même ces mots.

    Sa mâchoire se contractait à vu d’œil dans des spasmes d’hésitation. Le temps lui paru se suspendre le temps de la décision qu’il allait prendre. Il lui en aurait fallu bien plus, mais pour quoi ? Dans un sifflement digne du plus agacé des Serpentards, il dégagea son bras pour mieux empoigner le sien et l’entraîner à sa suite sous le regard rond des élèves retardataires. Remus violentant une fille ? Une fille s’accrochant au bras de Remus était déjà un fait d’histoire, mais là, l’inédit se déroulait. Enfin, violentant était exagéré. Ses yeux bleus troublés montraient les failles de cet air froid qu’il s’imposait alors qu’il traînait la Poufsouffle hors de la salle, trouvant un recoin entre une armure et un portrait qu’il espérait endormi. Hors de question de se donner en spectacle. Un peu brusquement, il la relâcha, dos au mur, pour mieux la surplomber de son mètre quatre-vingt. Le plus grand des Maraudeurs, un paradoxe. Lux ne l’avait certainement jamais vu ainsi, Remus ne se connaissait pas non plus ce manque de contrôle. Sa poitrine se soulevait à un rythme rapide, il se mordait les lèvres comme s’il cherchait ses mots. Comme une beuglante forcée au silence.

      — Ne fais pas quoi ? C’est quoi ton problème ?


    Les mots sortaient, mélangés ensemble puis accolés pour faire des phrases dont il ne maitrisait ni le sens ni la portée. Le problème de Lux ... c’était vraiment un comble venant de sa propre bouche. Sa voix, bien que basse pour préserver le peu de secret sur la teneur de cette conversation, était rapide et abrupte.

      — Et ce ton larmoyant juste parce que je n’ai pas de temps à te consacrer, tu es sérieuse ?


    Ce n’est pas dans ta nature, Remus.

    Il n’y allait qu’à demi-mot. Il était incapable de la repousser, de couper les ponts par lui-même. Il était lâche, terriblement. En la heurtant, il espérait simplifier les choses mais y avait-il seulement une manière douce et simple ? Il était incapable de la confronter, de lui dire ce qu’il savait sur elle, ou de prendre les devants et de lui dire clairement l’opposé ce qu‘il pensait. Pour la peur qu’il avait pour elle, pour eux.

    Il fallait oublier les moments passés ensemble pour oser prononcer ces mots, mais alors qu’il la dévisageait, ils lui revenaient plus violemment encore. Des parchemins virevoltants, s’embrasant, éclatant, se déchirant au couteau qu’il s’enfonçait en plein cœur. L’effet d’un poignard en argent aurait-il le même effet ?
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeSam 25 Oct - 10:00

Évidemment, lorsque les répliques fusent de toutes parts et que la conversation s'échauffe, l'instinct prend le dessus sur toute forme de processus cognitif — ce n'est pas le temps de penser, Lux Ó Braonáin, parce qu'une minuscule idée de trop lui donnerait le créneau nécessaire pour fuir. Toutefois, si on lui laissait le temps de réfléchir, Lux trouverait probablement que cette situation, comme toutes les autres où elle s'est exposée à une certaine humiliation publique, a l'odeur rance et humide d'un étang. Facile, penserait-elle, je sais pourquoi : c'est à cause de la fois, en camp d'été, où Piers Mills m'a cassé les dents après que je lui aie fait mal. Tous les enfants ont pris sa défense... et ils ont fait de moi leur tête de turc, jusqu'à la fin de l'école primaire. À la réapparition de ce souvenir réminiscent, Lux n'aurait probablement pas été agacée. Elle aurait juste compris pourquoi tout d'un coup les choses autour d'elle sentent les grenouilles et le bois pourri. C'est parce que Remus et elle n'ont pas à faire de scène devant tout le monde. C'est à se demander si la plupart des gens qui chuchotent autour d'eux les ont déjà vus ensemble avant ce fatal instant où la poigne de Lux se retourne contre elle — facilement (beaucoup plus, du moins, qu'elle ne l'avait anticipé), Remus défait son bras et enroule sa grosse main autour du maigre humérus de la Poufsouffle pour la traîner vers un recoin où s'engueuler sera, ma foi, plus approprié.

Encore une fois, dans une situation où les secondes seraient moins comptées, cette laisse humaine qui l'amène exactement où elle veut l'avoir pourrait rappeler à Lux de longs après-midis contraints à subir la compagnie d'une exécrable grande soeur, mais ça, ce sont de pénibles histoires pour un autre jour. De toutes façons, Lux est trop occupée à être tiraillée, par Remus, oui, mais aussi entre panique (liée au tiraillement-par-gryffondor-vers-lieu-inconnu) et intrigue — intrigue pour un bref regard échangé juste avant qu'ils ne tempêtent hors de la salle. Mâchoire qui tremble et yeux qui ne savent plus où se mettre, cela ne trompe pas, Lupin, c'est de l'hésitation. Tout le monde sait que l'animal qui hésite est perdu, se dit Lux, et pendant une demi-seconde, cette pensée l'amuse avant de l'horrifier. C'est parce que ses neurones établissent le lien entre ces quelques mots et leur auteur : feu monsieur Ó Braonáin, père dévoué, mari potable et meurtrier socialement reconnu. On va changer d'angle, se dit Lux alors que Lupin la pousse derrière une armure, qui ne manque pas de claquer des jambières au passage. La brunette range au placard sa moitié Kodiak et serre les dents en attendant que Remus articule enfin une réponse à la demande (pourtant gentille) qu'elle lui a formulé. On va changer d'angle, se répète Lux, l'animal qui hésite est souvent privé de moyens. De quels moyens es-tu privé, Lupin ?

REMUS — Ne fais pas quoi ? C’est quoi ton problème ?

Dans la tornade d'émotions qui l'assaillent tour à tour, Lux est soudain regagnée par les relents de bois pourri et d'humidité lourde, qui effacent toute trace intelligible de compassion qu'elle a pu avoir un instant plus tôt. Elle croit même sentir le remugle délétère des cerfs en décomposition que son père laissait trainer, à quelques lieues de la maison, dans l'espoir d'attirer des loups égarés. C'est parce que cette fois-ci, l'humiliation est intime. Et parfaitement injustifiée. Lux serre les dents si fort qu'elles glissent brusquement les unes sur les autres. De quel droit celui qui l'appelait autrefois amie ose-t-il l'attaquer ainsi ? Et la traîner loin des regards de tous, comme une chose honteuse que l'on veut cacher aux yeux du monde — c'est l'affront suprême. Reconnaissant le froid annonciateur d'un état de misère où elle n'a pas plongé depuis plusieurs années, Lux s'échauffe de colère, n'arrivant pas à se rappeler si Lupin l'a déjà saluée devant les autres maraudeurs, ses meilleurs amis. Peut-être est-ce vrai, peut-être qu'elle est encore et toujours celle qui fait honte, celle avec qui on parle par pitié, lorsque les regards sont ailleurs. Elle se rappelle de ce que disaient les gens, adultes comme enfants, qui n'osaient pas l'approcher quand elle était petite. Lux Ó Braonáin est une petite bête sauvage. Vas-y, pense Lux, enfonce tes petites griffes d'humain dans ma cuirasse. Les ours comme moi n'ont aucun prédateur.

Malgré tout le courage dont elle tente de se convaincre, cependant, Lux sait qu'au fond, elle ne ressent que de la peine. Même qu'elle commence à avoir hâte de se sauver, pour se réfugier quelque part, n'importe où, pourvu que Remus n'y soit pas, pourvu qu'il n'y soit jamais.

REMUS — Et ce ton larmoyant juste parce que je n’ai pas de temps à te consacrer, tu es sérieuse ?

Lux sent la dévastation l'emplir, des sourcils jusqu'au menton. Ses lèvres tremblent et ses joues s'empourprent. Avec toute la hargne et la cruauté dont elle est capable, elle plonge un regard violent dans les yeux du Gryffondor et crache :

LUX — pas sérieuse du tout.


D'accord, on peut imaginer mille et une répliques mieux élaborées, mais  nous l'avons dit d'entrée de jeu, lorsque les répliques fusent de toutes parts et que la conversation s'échauffe, l'instinct prend le dessus sur toute forme de processus cognitif — ce n'est pas le temps de penser, Lux Ó Braonáin, parce qu'une minuscule idée de trop lui donnerait le créneau nécessaire pour enfoncer plus loin encore le couteau dans tes viscères.

LUX — de toutes façons, j'arrive pas à voir qui aurait du temps à perdre ou de bons sentiments à gaspiller pour toi.

Tu auras voulu les larmes, Lupin ? Accroche toi, parce qu'elles arrivent. Et c'est encore pire que si tu avais eu à les subir, parce que tu n'en verras même pas une en entier, rien qu'une petite perle qui descend la moitié d'une pommette — le reste, à toi de te l'imaginer. Dès qu'elle sent la goutte de malheur se cristalliser et s'échapper du coin de son oeil, Lux croise sévèrement les bras et se sauve du coin où l'avait confinée Remus, le poussant et bousculant au passage une armure magique avec tant de rudesse que celle-ci, déséquilibrée, en échappe son bouclier. Le pas vif et les sanglots grandissant en silence, la Poufsouffle se dirige vers les grands escaliers, qu'elle grimpe quatre à quatre. Vite, se sauver. Peu importe où. Pourvu que ça veuille dire qu'elle ait la paix.

Bonne journée, monsieur le Préfet qui fait pleurer les jolies filles dès le déjeuner ! J'espère que ta conscience te mangera sans mâcher.


HRP:


Dernière édition par Lux Ó Braonáin le Mar 28 Oct - 21:06, édité 1 fois
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Remus J. Lupin
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMar 28 Oct - 19:35

    A mesure que les visages se crispaient, que les mots dégueulaient, il était difficile de croire que cette dispute n’était basée sur rien. Un rien comme un fossé qui les séparait, un néant lourd de son vide. Une absence de raison et de sens qui ne rendaient la situation que plus délicate. Un silence tonitruant, rageur. Dans la discrétion relative du recoin derrière l’armure, les souvenirs étaient piétinés et dépossédés de leur valeur ; les sourires disparaissaient avec les ombres des élèves se pressant dans l’escalier, se hâtant pour rejoindre leur cour.

    Ils seraient en retard. La classe commencerait, les regards se tourneraient, étonnés, vers la chaise vide du maraudeur assidu.

    Il était en retard, mais il y avait un temps qu’il lui semblait impossible à rattraper. Ces secondes, ridiculement petites, entre le moment où les lèvres de Lux tremblèrent et celui où une larme perla discrètement au coin de ses yeux. Un bref moment où tout sembla s’évanouir, d’autodétruire. Tout n’était qu’une affaire de secondes, c’est ainsi que le monde bascule. Le processus de mort ne durait-il pas qu’un bref instant, une flamme soufflée ? Sa vie n’était qu’une succession de secondes manquées, de son fait ou celui des autres. Des secondes d’hésitation, de mauvaise foi ou de fierté. Il se souvenait amèrement d’une après-midi ensoleillé. Le carillon résonne dans la maison comme encore dans son esprit. La voisine apparaît derrière la porte avec son sourire édenté d’enfant de six ans, tu veux jouer, mais tu hésites, et c’est trop tard. Cinq ans après, le carillon résonne encore ; Dumbledore le regardait par-dessus ses lunettes en demi-lune. Et le temps reprit son cours, là où il s’était arrêté six ans plus tôt. Toi qui pensais rattraper le temps perdu ici, pourquoi la laisses-tu filer ?

    Il ne voulait pas de larmes, pas de blessures, pas de tourments. Quel coup du sort s’était abattu sur lui ce soir d’été ? Pourquoi ce livre-là ? Pourquoi cinq ans après ?

    Le regard de Lux est aussi violent que le sien perd de sa force, ses mots sont aussi brutaux que les coups portés par le loup quelques instants plutôt. S’il l’avait cherché, il n’en restait pas moins douloureux de les entendre sortir de ces lèvres-là. Le pensait-elle réellement ? S’il le croyait sincèrement, la colère aurait renchérie, montée dans les octaves pour justifier l’injustice. Elle ne lui laissa pas le temps de réagir, l’assommant pour mieux se sauver dans le fracas d’un bouclier échappant aux mains de son chevalier. Et là, une boule lui monte dans la gorge ; un amas de ressentiment qui arrache l’œsophage, une détresse trop dense pour passer le pas de son gosier. Il avait envie de hurler. Tout ça, c’est ta faute. Ta faute d’être née ainsi, ta faute d’avoir croisé ma route, ta faute de m’avoir fait sourire. Ce n’était qu’à moitié vrai. Ma faute d’être un monstre, ma faute de m’être approché, ma faute de t’avoir fait rire.

    Remus se tourna vers elle un peu maladroitement, trébucha sur le bouclier et sur l’armure qui se penchait pour le récupérer. L’objet animé le repoussa vivement avant de retourner sur son socle, stoïque. Il n’avait pas besoin d’être en plus malmené par le décor. Le Gryffondor s’était stabilisé, des mèches châtaines tombant sur son front, sur ses yeux emprunts d’hésitation.

      — Lux ...

    Ce n’était pas avec un appel aussi faible qu’il arrêterait qui que se soit, mais il n’était pas encore sûr d’en avoir envie. Il était perdu, comme un animal qui hésite. Muet, comme privé de ses moyens.

    Ton blason est-il un lion ou une moule, Remus Lupin ?

      — Lux !

    Il ne pouvait pas fuir, il ne le voulait pas. Il ne voulait pas rester sur ces termes ; ces viscères reprenaient le pouvoir, le cœur le poussa à monter à son tour ces escaliers. Chaque pulsation levant une jambe puis l’autre, hâtivement, avalant quatre à quatre les marches aussi sûrement que sa conscience le dévorerait s’il ne le faisait pas. Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. Aux yeux des autres, leur manège aurait été ridicule. Il se sentait ridicule mais l’impasse qui apparaissait à mesure que la Poufsouffle s’éloignait, lui paraissait insurmontable. Le dilemme cruel et inévitable de la tranquillité ou de la vérité.

    C’était une colère désarçonnée que l’on lisait sur le visage du préfet, elle ne savait plus si elle avait raison d’être. Sa voix portait plus qu’il ne l’aurait souhaité, accusatrice, peut-être fallait-il au moins cela pour anéantir toutes les fausses idées qui avaient germé dans son esprit en l’espace de quelques minutes.

      — Pourquoi tu ne m’as jamais dit qui tu étais ?!

    Arrête-toi, répond-moi. Qu’est-ce que ça pourrait changer ? Il n’en savait rien lui-même.Il ne pouvait pas supporter les larmes qu'il ne pouvait que deviner.
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMar 28 Oct - 21:05

Il est des discordes que finalement on est heureux de ne pas avoir portées à terme trop vite—le souffle que Lux a retenu durant toute la montée de l’escalier est relâché d’un coup sec. Dieu merci, pense-t-elle, ce n’est pas moi qui aurai le dernier mot. Beaucoup trop sentencieux pour la jeune Poufsouffle de quinze ans que d’avoir à porter sur ses épaules le poids d’une amitié avortée si abruptement.

Voilà Remus qui fait moins le fier. Ça vaut le coup d’attendre en haut des marches qu’il la rattrape. La vérité, réalise Lux, c’est que peu de choses ne vaudraient pas le coup d’attendre dans les marches que Remus Lupin me rattrape. Il est toujours fâché. Elle a toujours les yeux gonflés et rougis. C’est dans l’urgence que la vérité sort.  Et cette vérité précise n’a pas vraiment la forme d’un lapin que l’on tire d’un chapeau. On dirait plutôt un démon. Celui de Lux.

REMUS — Pourquoi tu ne m’as jamais dit qui tu étais ?!

Vite, Lux, il faut choisir : feindre l’innocence ou accepter que tu comprends la question qu’il adresse. Quand ton père, son père avant lui et son grand-père avant ça, sont l’homme qui a tué tous les grands méchants loups des contes de fée, les questions comme « qui es-tu ? » ne peuvent plus être naïves. D’autant plus que le nom Ó Braonáin est relativement célèbre : pas qu’ils aient une émission de radio, un magazine, ou qu’ils se vantent ouvertement de la profession familiale, mais il suffit d’ouvrir un livre d’histoire spécialisée pour y retrouver le patronyme de Lux. La Préfète juge qu’il y a eu assez de larmes et de cris pour aujourd’hui. Si Remus est au courant, il n’y a pas raisons de s’attirer ses foudres une fois de plus en niant la vérité. En plus, l’honnêteté est souvent un trait qui charme. La vulnérabilité, encore plus… mais ça, évidemment, ça échappe (pas) complètement à sa pensée.

Qui es-tu, Lux Ó Braonáin ? Je suis deux pieds dans des bottines qui avancent, je suis le chemin qu’il leur reste à faire avant le repos final. Je suis la somme d’une quinzaine d’années à transformer en silence tout ce qu’on m’a fait voir, tout ce qu’on m’a fait entendre, tout ce qu’on m’a fait avaler.  Je suis un cœur comme une feuille tombée de son arbre qui vacille entre les vents pour ne pas tomber sous un pied hasardeur. Je suis une tête qui frappe les murs qu’on lui indique sans joncher jusqu’à les traverser. Je suis un bon petit soldat, criblé de plomb, d’argent et du sel des larmes de ma mère qui n’a jamais voulu pour moi que de belles et bonnes choses.

LUX — Parce que je n’ai pas envie d’être cette personne.

Quelle bêtise de ma part d'avoir cru, l'espace de quelques années, qu'auprès de toi je pouvais être moi-même.

Il faut quand même du cran pour nommer son enfant Lux. À peine la chose est-il sortie du ventre de sa mère, qu’il faut se prendre pour Dieu un instant et dire : la lumière vient d’être. Cette minuscule bête que tu as sous les yeux, c’est notre illumination. Un prénom est la sentence que chacun porte sur ses épaules et il y en a des plus légères à asséner que la Lumière avec un grand L, mais ça, apparemment, les parents Ó Braonáin n’en ont eu que faire. Comme du reste, d’ailleurs. Elle sera la Lumière au haut du phare familial, celle qui reprendra sans rien dire l’entreprise de papa. Elle fera briller le nom de notre grande famille à son tour. Elle n’a pas le choix… c’est écrit dans son passeport.

LUX — Je les déteste tous, Remus. Mes oncles, mes grands-parents, ma sœur et ma mère qui m’a laissée pourrir dans cette maison comme une dent dans une bouche complètement cariée, sans jamais rien dire. Et surtout, je hais…

Soudainement, Lux n’est plus dans les escaliers à Poudlard. Elle est dans une forêt, à l’extérieur de Waterford, en Irlande. C’est Noël, il neige doucement dehors, et c’est la pleine lune. Elle a 11 ans—elle en aura 12 dans une semaine ou deux. Sa sœur est venue la réveiller il y a une demi-heure, la pressant de revêtir un pull chaud, son manteau d’hiver et ses bottes. « Il est temps. » a-t-elle sentencié. Temps pour quoi ? a rétorqué Lux—mais sa question est restée sans réponse. Depuis qu’elle est revenue à la maison, pour fêter Noël, elle a l’impression qu’il se trame quelque chose et que tout le monde assume qu’elle est au courant. Les gens lui parlent comme si elle venait d’annoncer qu’elle est atteinte du terminal. Hier, l’oncle Jules a même versé une larme avant de la prendre dans ses bras. La vérité est que Lux n’a absolument aucune idée de ce qui se passe. Elle a été traînée jusqu’à la forêt derrière le manoir, dans la clairière où, il y a quelques années, elle a été témoin du meurtre d’un jeune garçon, dont la gorge s’était retrouvée en deux morceaux sous le couteau de son père… « C’est à propos de papa ? » demande Lux ; sa grande sœur et sa mère acquiescent en silence.  Au milieu de la clairière, baigné de lumière lunaire, une terrible créature, enchaînée, émet un hurlement sans fin, qui chante la douleur et le désespoir… C’est à propos de papa, répète la mère Ó Braonáin. Cette fois-ci, il n’y a plus de point d’interrogation à la fin de la phrase.

LUX — …et surtout je hais mon père.

Les yeux de Lux retrouvent ceux de Remus. Ils ne savent plus où se placer, entre soulagement d’enfin savoir ce qui le triture, et indignation qu’il ose s’insurger contre elle à cause de cette famille à laquelle elle souhaiterait plus que tout ne pas appartenir.

LUX — Il y a des choses qui me sont arrivées malgré moi. Tomber dans cette famille est l’une d’entre elles, mais il est trop tard pour demander des dédommagements. Une partie de qui je suis sera toujours celle qu’ils m’ont appris à être. Moi, je me garde ce qui reste et j’espère que je réussirai, au moment choisi, à prendre le dessus.

Le moment. Voilà. Lux se tait. Elle est très consciente qu’il faut qu’elle s’en tienne à ça. Un moment, dans les oreilles de Remus, ce pourrait être n’importe lequel, mais dans les faits, Lux sait exactement à quel moment il faudra qu’elle prenne le dessus. Ce sera dans un an et deux mois. En décembre, au milieu de sa septième année à Poudlard, le 31 décembre. Il faudra qu’elle dise non et fasse face aux conséquences de cette décision. En attendant, elle n’a qu’à faire semblant que le chemin Ó Braonáin est celui qu’elle a l’intention de suivre.

LUX — Je ne comprends pas que tu sois fâché pour ça, Remus... mais je ne te demanderai pas non plus pourquoi tu veux savoir.

(Une chance)

LUX — Je sais ce que les gens pensent de ma famille, dans le Monde de la magie. Tout le monde hait les loups garous, mais ça ne veut pas dire qu’on voit d’un bon œil ceux qui nous en débarrassent. Mon père disait que tous les bourreaux de l’histoire n’ont jamais eu la vie facile…

Il disait qu’on n’avait pas le choix de faire ce que l’on faisait, que c’était l’ordre naturel des choses. Lux soupire et regarde le sol.

LUX — Cela dit, mon père était une très mauvaise personne et il ne faut pas s’en tenir à ce qu’il disait.

Long discours, pour quelqu’un qui ne savait même pas si elle voulait se lever de sa table dans la Grande Salle pour demander à Remus de l’accompagner à la bibliothèque. Les lèvres de la jeune Poufsouffle se retroussent en un sourire triste, fatigué, frustré, qui se veut compatissant mais qui n’annonce que la misère qui l’emplit à l’intérieur.

LUX — C’est tout ce que tu veux savoir ? Il y a peut-être autre chose qui te perturbe, pendant qu’on parle de choses qui fendent le cœur ?
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Remus J. Lupin
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeMer 29 Oct - 13:26

    Loup, qui es-tu ? Que peut-on espérer attendre comme réponse quand la question est elle-même une violente accusation. L’amertume brûlait encore les lèvres de Remus tandis qu’il essayait de discerner une émotion traitresse dans l’attitude de la brune. Mais il n’y avait rien de traitre ; elle était là, elle t’attendait, les yeux rougis par tes larmes injustes. Elle n’attendait que cela, que tu ravales ta fierté - ou ta lâcheté pour crever l’abcès et te montrer véritablement honnête au moins une fois dans ta vie. Elle ne veut pas du mal que tu lui imposes, elle brille d’une sincérité dont tu es incapable car à tes yeux, il n’y a qu’un démon. Et il monte les marches dans ton ombre, sur ses deux pattes adroites, soufflant chaudement sur ta nuque, hérissant le poil et soulevant le cœur. N’attendant que le moment opportun pour décocher une droite griffue dans le visage de la sorcière, déchirer cette chaire désirable. C’est ma colère que tu as lue dans ses yeux, chasseur. Je suis la tumeur métastasée de Remus.

    Est-ce que quoi que se soit pourrait être sauvé ce matin ? N’était-ce pas plutôt les derniers coups de marteau portés à un clou tordu, mal engagé dès le départ ? On ne peut suspendre quoi que se soit à une attache branlante. On peut seulement ramasser, et pendre à nouveau ; abîmant un peu plus à chaque fois l’amitié dans sa chute, la fissurer, la morceler et l’admirer encore pour quelques instants avant une nouvelle dégringolade. Qui s’obstinerait à autant de déception et de tristesse ? Sa vie entière était suspendue à ce clou, comme un alpiniste sécurisant mal son trajet. Les ignorants l’admiraient ainsi grimper avec aisance, remportant les paliers avec une facilité déconcertante. Quelle sagesse, quelle intelligence. Rares étaient ceux qui se mordaient les doigts à chaque étape franchie, craignant un dérapage qui dans son cas, ne pouvait être que fatal.

    Lux ne pouvait pas se voiler la face, il n’en attendait pas moins d’elle qu’une réponse sincère malgré toute la peine qu’il devina dans ses premiers mots. Au fond, cela le rassura un peu. C’était égoïste. Égoïste de se satisfaire de ses problèmes familiaux, de son refus d’accepter un destin déjà tout tracé. Plus elle haïssait sa famille, plus il pourrait l’accepter. Lui pardonner ? Il n’y avait, en soi, rien à pardonner. Stabilisé deux marches au-dessous d’elle, il gardait une main sur la rambarde, les yeux levés. Il ne pouvait absolument pas imaginer tous les drames qui ponctuaient la vie de son amie, ni même ceux qui arriveraient tôt ou tard ou sinon une infime partie. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter, la famille en est un exemple douloureusement flagrant. Sirius serait certainement en désaccord avec lui, mais peu de monde avait le cran de rejeter en bloc quinze ans de sa vie sans même avoir la sécurité d’un avenir certainement meilleur. On ne pouvait qu’espérer, comme Lux.

    Il n’avait rien osé dire, pas osé l’interrompre. Il craignait qu’elle ne s’interroge sur les raisons qui avaient poussé le Gryffondor à poser cette question et tenir ce discours. Malheureusement, elle semblait habituée à ce genre de traitement. Les bourreaux n’ont jamais eut la vie facile. Personne ne voulait se salir les mains, et on ne pouvait remercier le dévoué par de sombres résidus de principes moraux.

      — Je ne voulais pas te blesser, excuse-moi.

    Ni fendre quoi que se soit, certainement pas ton cœur ni notre amitié. Ce que tu es culotté, Remus Lupin. Tes sautes d’humeur te rendraient exécrables même pour l’âme la plus patiente.

    Elle avait retrouvé son éclat, ou bien était-ce plutôt la colère qui assombrissait sa vision qui s’en était allée. Évanouie avec le souffle sur la nuque. Elle était toujours la même, elle avait toujours été une Ó Braonáin et il croyait en sa confession. Il devinait le poids sur ses épaules et ne pouvait plus longuement l’en accuser. C’était lui, l’origine de tout ce mal. Lui, la nature de ses maux. Il ne pouvait pas plus parler maintenant de la source de son mécontentement que quelques instants plus tôt ; mais il ne pouvait plus qu’en vouloir à lui-même.

      — J’aurai juste aimé que tu m’en parles. Je ne sais pas pourquoi je me suis autant énervé ... Vraiment ? Je sais que tu n’es pas une mauvaise personne, quelque soit ton nom. En es-tu si sûr ?

    Elle te trancherait la gorge si elle me croisait, ou au mieux, elle te fuirait.

    Elle pouvait être qui elle voulait, il l’accepterait ; elle n’était pas un bourreau à ses yeux, ou du moins essayait-il encore de se convaincre qu’elle pouvait éviter cela. Il baissa les yeux, penaud. Il y avait tant d’autres choses qui le perturbait, tant de craintes et de questions qui le rendait inaccessibles. Mais il monta plutôt les dernières marches, se hissant sa hauteur. Les choses avaient changé. Elle ne s’en rendait peut-être pas compte, mais malgré les réponses, Remus avait atteint la limite de ce qu’il pouvait espérer. Il essuya ses joues, retenant une étreinte.

    Il ne pourrait plus aller à la bibliothèque, quoi qu’il en soit.

      — On devrait aller en cours.

    Il rabaissa sa main, esquissant un léger sourire. Peut-être un peu forcé.
    La promenade aura duré cinq ans, mais le loup a fini par arriver.
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitimeLun 10 Nov - 20:11

Sometimes skulls are thick. Sometimes hearts are vacant. Sometimes words don’t work. (James Frey)

Ceci ne ressemble pas à un aurevoir—ceci a tous les airs d’un adieu. C’est presque de la déception que Lux entend dans la voix de Remus qui s’excuse d’avoir été fâché. Déception de quoi ? Il a pourtant entendu ce qu’il voulait, enfin c’est ce qu’elle pense. Lux se met à la place des parents qui regardent pour la première fois le Poudlard Express emmener leurs enfants vers l’école. Personne ne retient le train. Parfois on voudrait, mais on sait que c’est inutile. L’automne est la fin ; les choses y refroidissent, y sèchent, y craquent, y meurent, en silence. Personne ne pleure pour les feuilles mortes… et personne ne pleurera pour Lux Ó Braonáin et Remus Lupin. La franchise ne suffit pas toujours, se dit Lux—qui ne comprend pas exactement pourquoi, après qu’elle ait vidé son sac, Remus soit encore à des dizaines de milliers de kilomètres d’elle. Ils sont séparés par quelques marches seulement, mais si elle tendait le bras, elle ne pourrait pas le toucher, pas vraiment. Il y a entre eux des glaciers, des océans arctiques, des banquises. Il y a entre eux un incommensurable froid, une planète en entier.

Ne pas comprendre n’équivaut pas à ne pas savoir. Les entrailles de Lux lui parlent à nouveau. Tendre enfant, disent-elles, il n’y a plus de quoi se battre ici. Perdre est frustrant, d’autant plus que c’est parfois nécessaires. De fines larmes se mettent à redescendre le long des joues de Lux, mais cette fois-ci, plutôt que de les cacher, Lux les laisse poursuivre leur course. C’est Remus qui, infiniment lentement, les essuie avec le plat de son pouce. Il y a quelque chose de très naturel dans la manière dont sa paume effleure la joue ronde et douce de la Poufsouffle. Comment espères-tu que je renonce à tout ça ? pense Lux, mais elle n’en dit rien. Les mots n’ont pas leur place ici.

REMUS — On devrait aller en cours.
LUX — Ouais, c’est ça. À un de ces quatre, Lupin.

Et elle le regarde partir, s'éloigner dans son arctique. Elle reste debout sur la banquise, à attendre le brise-glace, les deux pieds comme figés dans la glace.

Jamais les couloirs n’ont-ils semblé plus vides et plus silencieux que lorsque Lux tourne le dos à toute cette scène et qu’elle s’engage vers l’aile Est du château, où se trouve son cours de l’après-midi. Elle avait compté aller chercher des rouleaux de parchemin et une plume à son dortoir avant la fin du dîner, et se retrouve ainsi les mains vides sur un banc, avec son manuel ouvert devant elle. Le professeur de sortilèges parle, mais elle n’entend pas grand chose. Elle ne pense à rien, non plus, sauf à cette impression de fin qui lui retourne l’estomac à l’envers. Un peu comme se réveiller un lendemain de Noël, pour s’apercevoir que son père est réellement mort. La ligne d’arrivée est survenue trop vite et elle n’a pas l’impression d’avoir eu le temps de profiter de la course.


TERMINÉ ϟ
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MessageSujet: Re: the hum of electric heat ↔ remus & lux   the hum of electric heat  ↔  remus & lux Icon_minitime

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