Allez! Viens, on va quelque part!

Viens, on va quelque part !

Ludovic se trouvait assit au pied de son lit, la tête posée contre le matelas, les yeux fermés, plongé dans un rêve dont il ne se souviendrait pas. Il n'avait pas prit la peine de se changer, tout juste de retirer ses chaussure et le haut de ses vêtements jusqu'à sa chemise. Ce n'était pas qu'il n'avait pas voulu faire d'efforts, mais il avait dut travailler assez tard pour corriger des copies, pas très fameuses entre nous, et avait perdu presque autant de temps à leur trouver un coin de stockage dans son bureau en pagaille qui lui aurait permis de ne pas les perdre d'ici au cours du lendemain. Lorsqu'il avait enfin put s'accorder le droit d'aller dormir, il avait donc tout juste eut le temps de se mettre un peu à l'aise avant de s'écrouler comme une masse malgré la position inconfortable.

Il dormait depuis deux bonnes heures sans incident notable lorsqu'un bruit soudain le tira de ses songes. Tête aussitôt dressée, le regard creux de celui qui ne sait pas ce qu'est une bonne nuit de sommeil, il chercha devant lui ce qui pouvait provoquer ce raffut. Pas de chance, il était du mauvais côté, dos à la porte. Il scruta une minute la pénombre de sa chambre sans fond, désormais dotée d'une bonne vingtaine de pièces aux formes aléatoires et désespérément vide, à la recherche d'une lueur quelconque qui lui aurait permis de s'assurer qu'il était bel et bien réveillé et que le jour était déjà bien installé. Coup d’œil vers la fenêtre, nuit noire.

Le tambourinage nocturne reprit soudain et le professeur de sortilèges fini par se tourner vers la fenêtre, paupières lourdes, esprit embué. Il se redressa tant bien que mal, doutant de pouvoir tenir très longtemps sur ses jambes. Immobile une minute pour être sûr de ne pas tomber dès qu'il bougerait un pied, il se frotta le visage. De l'autre côté de la porte, il entendit deux prénoms qui lui disaient quelque chose. Bon, il fallait ouvrir maintenant.

Il s'accrocha à la poignée de la porte et tourna lentement la clef restée dans la serrure, essayant de faire le moins de bruit possible par pure habitude. Lorsqu'il put enfin la faire pivoter, il l'entrouvrit et posa la tête contre le montant comme pour espérer s'y endormir.

— Qu'est-ce qu'y a, marmonna-t-il d'une façon presque inintelligible.

L'ancien Poufsouffle se mit alors à aligner des mots les uns à la suite des autres à ce bon vieux rythme effréné que le Serdaigle n'arrivait pas à suivre en temps normal et qui ne formait plus qu'une bouillie sonore dans son état. Alors que le professeur d'astronomie tournait sur lui-même, Ludovic faisait grincer les rouages de ses pensées pour essayer d'identifier quelques mots de ce qu'il venait d'entendre. "Dormis", "lit"... et puis euh... "dormis" ? Il regarda le plafond qu'on lui pointait du doigt et se demanda très sincèrement si son vieil ami lui proposait d'y passer la serpillère. Non, il prononça d'autres mots. Tour... d'as... tro... no...

Il n'eut pas le temps de trouver la dernière syllabe qu'on le tirait hors de son antre, lui laissant tout juste l'occasion de claquer la porte derrière lui. L'action le tira assez du sommeil pour qu'il ait le réflexe de sortir sa baguette et verrouiller en partant. Il passerait au moins deux heures à rouvrir en rentrant, mais il n'aurait laissé libre accès à la pièce pour rien au monde. Il rangea maladroitement son outil de bois et se laissa embarquer tant bien que mal par le Poufsouffle, essayant de ne pas trébucher dans les escaliers. Il ne réalisa pas trop combien on lui en fit avaler, mais bien assez pour qu'il soit hors d'haleine lorsque son surexcité d'ami s'arrêta, le lâchant enfin.

Ludovic rentra dans la salle d'astronomie sans la reconnaitre, elle était bien plus poussiéreuse qu'à son époque et lui faisait d'avantage l'effet d'un grenier abandonné. Malgré la crasse ambiante, il se laissa tomber sur une chaise, derrière un bureau qui n'avait pas l'air d'avoir servit depuis longtemps et laissa sa tête glisser contre sa poitrine, incapable de la maintenir droite plus longtemps, avant de se rendormir.

Viens, on va quelque part !

La position n'était pas des plus confortables, mais ce n'était pas pire que quelques minutes plus tôt dans sa chambre. De toute façon il avait sommeil, alors ce que sommeil veut... Plié comme il l'était il avait un peu de mal à respirer, raison pour laquelle il se mit à grommeler d'une façon continue sur un ton léger. Aucune importance au fond, rien ne valait le savoureux mur opaque d'un début de repos sans rêve. Il marmonna quelque chose d'incompréhensible lorsqu'il sentit une légère pression sur ses épaules et sursauta de façon assez spectaculaire lorsque Jon le secoua.

— Hein ?! Quoi ?! s'étrangla-t-il. Non, oui j'ai fait mes devoirs.

Il regarda autour de lui, yeux écarquillés, trouvant que la pièce était assez différente de sa chambre. Il avait poussé le sort de volumes vers le plafond ? Il tourna la tête et vit le visage de Jon à quelques centimètres du sien, ça faisait peur. Ludovic le dévisagea d'un air inquiet et perplexe jusqu'à ce que l'ancien Poufsouffle reprenne un peu de distance. C'était mieux. Pas qu'il en avait peur, mais ce n'est jamais super de se trouver face à face avec quelqu'un après un réveil pareil. D'ailleurs, étrangement, le professeur d'astronomie n'avait pas réveillé les angoisses que Ludovic avait parfois... souvent lorsque quelqu'un se trouvait trop prêt. Il le connaissait trop bien ce Jon, c'était quelqu'un de rassurant.

Parfaitement réveillé malgré ses yeux injectés de sang, le professeur de Sortilèges tâcha d'être attentif à ce que son vieil ami lui disait. Assis à son bureau avec l'autre homme tournant devant lui toujours dans son flot continu de paroles, on aurait dit que Ludovic suivait un cour particulier. A deux heures du matin. Dur. Les vieilles habitudes revinrent vite, le silencieux eut bien vite du mal à rester attentif. Il fit un effort lorsqu'il entendit qu'on lui posait une question sur le lieu de ce "cours".

— Euh... dans une cave ? répondit-il après un coup d’œil général. A, non pardon, ils étaient aux étages. Enfin, un grenier... Bah oui, tout juste sortit de seulement deux heures de sommeil il ne fallait pas trop lui en demander.

Il fronça les sourcils en attendant la solution qui ne tarda pas. Ludovic leva les yeux vers le plafond et réalisa enfin où il était. Oui, la tour d'astronomie, il n'y avait pas pensé. Sans doute le fait de rester cantonné au deuxième étage lui avait fait oublier qu'il y avait encore des tours. Un immense sourire se dessina sur son visage, mélange d'émerveillement et d'un poil de naïveté - deux heures du matin je vous rappelle - bien sûr qu'il s'en souvenait. S'il avait sut que c'était pour ça qu'on l'avait tiré du lit, il aurait accepté de se faire secouer même une heure plus tôt. Il ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais rien ne sortit, il gardait encore les yeux rivés vers le ciel qu'on voyait sans peine de là où ils étaient, l'impression d'être retourné en enfance, il semblait sur le point de monter sur le bureau, juste histoire d'être plus haut pour mieux voir. C'était une merveilleuse idée.

Il aurait voulu poser tout un tas de questions, mais aucune ne lui venait. Il était juste captivé.

Viens, on va quelque part !

Ludovic ferma la bouche et baissa les yeux sur son ami lorsqu'il se mit à commenter le spectacle au-dessus de leurs tête. Le professeur de sortilège sentit son sourire faiblir lorsque Jon parla de changement, il avait toujours détesté ça. Il regarda le dessus du bureau derrière lequel il se trouvait et en gratta la surface distraitement, écoutant d'une oreille toute aussi distraite les pensées de son collègue. Pourquoi fallait-il toujours tout changer ? Ils n'auraient pas pu rester éternellement le trio impossible de Poudlard ? Les choses auraient été plus simples. Il retint un soupir, c'était lui qui était partit et qui avait provoqué le premier changement, attiré par les paysages de l'autre côté des montagnes et des plaines. Il se demanda s'il aurait put éviter cela, si les choses avaient commencées à changer avant qu'il parte ou si il avait vraiment provoqué les perturbations. Bah, il y avait autant de possibilités que d'étoiles dans le ciel.

Il leva la tête vers le professeur d'astronomie lorsque celui-ci fit une pause. C'était assez rare pour être remarqué. Il le regarda dans les yeux parler de l'immortalité des astres, il comprenait ce qu'il voulait dire. Nouveau silence. Ludovic regarda le ciel à travers le toit, la route de la voie lactée entre les soleils isolés. Il repensait à ce qu'il avait lu dans un livre un jour, sur le temps que met la lumière à nous parvenir, si bien qu'en regardant le ciel on contemplait en réalité celui qui avait existé des années, des siècles voir plus en arrière. Combien de ces étoiles étaient-elles mortes tout en envoyant vers eux la lumière de leurs premiers jours ? Le professeur de sortilège fut tiré de ses pensées par la reprise du rythme effréné de Jon Lakenstridge. Il tourna la tête vers lui, l'air surpris par ce bruit soudain. Un peu dérouté, il manqua une bonne partie du début, comme toujours. C'était soit le début soit la fin avec Jon, il arrivait rarement à rester concentré sur toute la durée de ses monologues. Cette fois-ci, il aurait peut-être mieux valut qu'il écoute le début.

— Fou, ouais... fit-il tandis qu'une ombre passait sur son visage.

Il regarda la "déco" autour de lui, c'était assez... surprenant de la part de son ami. Il le savait désordonné au moins autant que lui et Aidrian - d'ailleurs encore heureux qu'ils n'aient jamais eut de repère secret fixe ou ce dernier serait devenu invivable en moins d'un mois - mais il le pensait un peu plus attaché à la propreté. Ce n'était pas spécialement crasseux, juste de la poussière et des toiles d'araignées, mais rien que cela lui semblait curieux. Il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à sa chambre ; immense, vide, aux nuances grises, froide et silencieuses. Il n'aurait jamais cru que Jon ait eut de la poussière dans le crâne.

— J'aime bien, répondit-il. La déco est sympa. J'imagine que tout le monde ne doit pas trouver ça merveilleux, mais je préfère à ce qu'il y avait avant. Il jeta un nouveau coup d'oeil général sur les lieux. Je trouve que ça donne envie de rester.

Et cette simple phrase prenait beaucoup de sens pour un ancien voyageur. Il se laissa basculer contre le dossier de sa chaise pour s'y vautrer et s'imagina un instant ce que sa scolarité aurait put être avec l'ancien Poufsouffle comme professeur. Ennuyeux déjà, s'il avait été enseignant ils n'auraient pas put faire les quatre cents coups, mais peut-être qu'il serait arrivé à le passionner tout autant que leur propre professeur d'astronomie. Il poussa un soupir le regard de nouveau posé sur les étoiles et vit passer des nuages bleu sombre. Ludovic se redressa brusquement, grimpa sur le bureau et sauta à terre pour se retrouver devant son ami, l'air à nouveau remplit de curiosité.

— Tu crois qu'on pourrait les voir de plus près ? demanda-t-il avec ce ton qui avait été à l'origine de bon nombres de punitions.

Viens, on va quelque part !

L'enthousiasme du professeur de Sortilèges retomba d'un cran lorsque son collègue parla de télescope, mais surtout lorsqu'il proposa de faire "comme tout le monde", quelque chose de normal. Jon était-il devenu l'un de ces êtres raisonnables et ennuyeux que l'on appelle adulte ? Ludovic sentit passer comme une profonde vague de solitude. Pas lui, quand même pas lui... Il se frotta la nuque, un peu gêné d'avoir dut paraitre gamin voir idiot auprès de son ami. Oui, c'était stupide, en même temps il s'attendait à quoi ? Les professeurs d'astronomies, regardaient le ciel à travers des lentilles depuis le plancher des vaches... enfin des chouettes - car il aurait été difficile de faire monter une vache jusqu'à l'étage où ils se trouvaient - ils n'avaient pas forcément l'âme d'explorateurs. C'était tout de même un peu décevant.

Heureusement, le sourire de l’ébouriffé revint dès la phrase suivante de son camarade. Ce ton plein de sous-entendus, voilà, il retrouvait son Jon. La suite de sa réplique fut un peu plus obscure, Ludovic ne voyait pas très bien de quoi le Poufsouffle voulait parler. Ce ne fut qu'aux tous derniers mots qu'il trouva enfin la solution. Bien sûr ! Le prof d'astronomie parlait d'un sort pour aller voir les étoiles de vraiment près, enfin peut-être... qu'importe, brillant ! Ludovic n'y avait jamais songé, il avait juste pensé à attirer les étoiles vers eux, comme lorsqu'ils étaient jeunes, mais vu que cela n'avait pas marché la première fois... Mais oui, y aller c'était une bonne idée. Après tout, les non sorciers avaient bien réussi à envoyer des hommes sur la lune et lancer des satellites jusqu'au bout du système solaire, pourquoi des sorciers seraient-ils incapables d'en faire autant voir mieux ?

— Il faudrait... commença Ludovic en se frottant la tête, le regard dans le vide, plongé dans ses pensées. Il faudrait un objet de transport, comme une voiture ou une fusée, on pourrait l'ensorceler à la façon des balais, mais c'est un peu faible comme sort... Il commença à faire les cent pas au centre de la salle, ayant l'air d'être plongé dans une grande conversation avec lui-même plutôt qu'avec Jon. Un moyen de propulsion qui soit plus rapide que le carburant non-sorcier. On pourrait demander à Rian qu'elle nous prépare une potion, mais il en faudrait en grande quantité. Il faudrait aussi protéger le moyen transport, comme les fusées on un blindage. Je pense qu'on peut faire quelque chose de fin contrairement aux humains normaux, sans tôles ou ferraille, si c'est assez léger on aura besoin de moins d'énergie et puis... Il freina soudain l'air d'avoir été frappé par un éclair de génie. Oh mais oui ! Il pivota vers le professeur d'astronomie et marcha droit vers lui, s'arrêtant à tout juste trente centimètres. A moins qu'on ne fasse monter que ça, il tapa le front de l'ancien Poufsouffle du bout de l'index. Si on arrive à mettre au point un sort qui permette de se retrouver dans l'espace d'une façon... immatérielle comme un double, on aurait pas besoin de bric-à-brac. Il tourna sur lui-même, fixant le mur alors qu'il passait en revu ses données sur le sujet. J'ai entendu parler de sorciers qui parvenaient à projeter leur esprit dans un autre lieu, il faudrait trouver comment ils s'y prennent et trouver un moyen d'améliorer la chose.

Il se tut un instant, claquant des doigts par coups répétés alors qu'il essayait de retrouver une idée qui ne venait pas. Il pivota à nouveau vers le professeur d'astronomie, regard figé dans sa réflexion. Une minute, un sourire revint sur son visage et il se mit soudain à voir son vieil ami. Ludovic sembla se détendre, il était passé à autre chose, il reviendrait sur le problème plus tard.

— Ces étoiles on les regarde ? demanda-t-il.

Viens, on va quelque part !

Ludovic se pencha sur l'instrument, bien sûr que les télescopes n'étaient pas barbants, le professeur de sortilèges adorait toute cette mécanique fantastique qui permettait de "rapprocher" les objets lointains ou d'accomplir des taches incroyables aussi sûrement que des sorts. Il suffisait de voir combien de fois il comparait ses méninges à des rouages et son corps à une machine et il n'était pas difficile de voir qu'il aimait la mécanique d'horlogerie au moins autant que les étoiles. Il marqua une pause, il avait raté sa vocation en fait. Il poussa un fin soupir et secoua brièvement la tête pour chasser cette idée. S'il commençait à faire la liste de tout ce qu'il avait raté il en aurait pour la soirée et ce n'était pas la nuit pour finir déprimé.

Il colla l’œil contre l'objectif et plissa une seconde les yeux. Il voyait bien un corps rouge et lumineux, mais il lui paraissait très flou. Il prit un peu de recul, étudia une seconde les innombrables molettes du télescope, avant de regarder à nouveau, mais non, ça n'était pas à sa vue. Encore ces "décalages" à croire que les français et les anglais n'appartenaient pas à la même espèces en fin de compte. Enfin, ce petit problème de mise au point devait surtout venir d'une légère usure des yeux et puis il n'avait pas l'habitude de regarder dans des télescopes.

— C'est pas très net, fit-il à l'intention du professeur d'astronomie tout en se relevant. Je crois qu'on a pas la même vue.

Il leva les yeux vers le plafond, se demandant à quoi auraient put ressembler des extra-terrestres, y avait-il des sorciers sur d'autres planètes ? En tous cas il devait bien avoir du monde là-haut, tellement d'espace, il aurait été stupide de le gâcher. Il essaya de s'imaginer des aliens, la tête qu'ils pourraient avoir, il avait bien du mal à penser à autre chose que les créatures qu'il connaissait déjà. Il y avait peu de chances pour que l'univers soit peuplé d'humains, mais il ne voyait pas ce qu'il aurait put trouver d'autre. Voilà qui lui plaisait, un univers au-delà de son imagination, le parfait inconnu, il y avait de quoi être tenté.

— J'irais un jour tu sais, lança-t-il à l'ancien Poufsouffle. Je trouverais un moyen. Plus loin que personne n'as jamais été. Marcher à travers le ciel, ça doit être...

Il se tut, il avait oublié de dire "nous", mais il ne s'en était pas rendu compte. C'était comme au bon vieux temps n'est-ce pas ? Qui m'aime me suive et si je suis seul j'irais quand même. Il devait avoir l'air égoïste, il l'était sans doute pour ceux qui ne le connaissaient pas et peut-être même pour ses proches. Pas de sa faute comme toujours, on ne lutte pas contre sa nature. Partir devant sans penser aux conséquences, laisser les autres régler les détails, c'était son truc n'est-ce pas ?

Viens, on va quelque part !

Le professeur de sortilèges tourna la tête vers son ami, un léger sourire sur les lèvres. Magique ? Oh non, bien plus que ça. Magique, c'est beaucoup trop classique. Il jeta un coup d'oeil vers le télescope, un autre vers Jon, puis il retourna vers l'outil d'observation et remit son œil contre l'objectif. Toujours flou, il commença à jouer avec les molettes, une par une, essayant d'identifier laquelle faisait quoi. D'abord par petites touches dans un sens, marche arrière, dans l'autre sens et si jamais il commençait à dévisser des boulons il comptait sur le professeur d'astronomie pour l'arrêter. Une fois avoir testé chaque molette au moins une fois, il reprit, tournant un peu plus à chaque fois. Petit à petit l'image fut plus précise, il vit la forme rouge d'un soleil mourant, qui lui tira un fier sourire. Un essai pour affiner l'image et tout redevint flou, marche arrière, plus petites touches et il devina des ondulations autour du disque de feu. Il fronça un sourcil, entièrement concentré sur ce flou qui mouvait avec lenteur. Nouveau tour de molette, le flou disparut et le soleil forma un disque parfait aux couleurs en fusion. On devinait des tâches rouges sombres noyées dans un jaune usé. Il regarda un moment, le cercle flou, les tâches rouges sang, perdant la notion du temps. Lorsque son oeil commença à lui faire mal à force de trop fixer le soleil il recula et ferma les paupières pour les masser. Hum, ça picote.

— Un trou noir ? C'est dommage. Il n'y a rien à voir dans les trous noirs.

Il s'assit par terre, bras posés sur ses genoux et rajusta soigneusement ses manches pour qu'elles tombent bien jusqu'à ses poignets. Simple réflex, sans compter l'impression d'avoir froid à cause de la fatigue. Il se frotta une nouvelle fois les yeux, puis essaya de réprimer un bâillement. Il ne s'ennuyait pas, mais il était debout plus tôt que d'habitude, on ne pouvait en attendre beaucoup mieux.

— Tu parie qu'elle s'éteindra lorsque tu ne regardera pas ? fit-il en tournant la tête vers son vieil ami.

C'était bien digne de l'univers ce genre de plaisanterie. Il regarda le télescope, dommage pour cette étoile. Qui pouvait dire combien de millénaires elle avait vu passer ? Peut-être brûlait-elle déjà lorsque le monde venait tout juste de se former. Tout ce gaz en fusion qui ne tarderait pas à imploser dans le plus parfait des silences, si bien que même une allumette aurait fait l'effet d'une explosion phénoménale en comparaison et pourtant, ce moins qu'un murmure semblait bien plus impressionnant.

Viens, on va quelque part !

Le professeur de sortilèges regarda le télescope alors que son collègue tentait de lui expliquer les beautés d'un trou noir. Des passages vers d'autres univers ? Lui n'y croyait pas. Pour Ludovic les trous noirs n'étaient que des gouffres sans fond dont nulle étoile n'aurait put sortir, des bouches béantes prêtes à vous aspirer dans leur obscurité et à vous broyer jusqu'à ce qu'il ne reste même plus de vous assez de choses pour faire un grain de poussière. Des puits sans contours qui aspirent les particules de l'univers, l'air de ne jamais vouloir finir de tout avaler, de ne jamais vouloir disparaitre. Se dire qu'il y avait dans le ciel des centaines de ces trous occupés à détruire, dévorer et tout simplement faire disparaitre toute trace de l’existence de dizaines de planètes, c'était tout simplement terrifiant. L'ébouriffé baissa les yeux sur le plancher, soudain mal à l'aise. Il s'imagina une comète traverser l'espace à des milliards d'années lumières du trou noir et se sentit apaisé. Contempler l'univers c'est toujours se regarder soi-même, qu'en retirez-vous ?

Il tourna la tête lorsque Jon le compara à un sauveur.

— Moi ? Non ! Tu veux rire ? rétorqua-t-il aussitôt.

Comme s'il avait déjà réussi à sauver quelqu'un, ne serait-ce qu'une seule fois. Il avait déjà du mal à se secourir lui-même lorsque les choses se gâtaient ou à réparer les dégâts qu'il laissait sur son passage alors comment aurait-il put prendre soin d'un univers tout entier ? Même au cours de ses misions avec l'Ordre il n'avait jamais eut l'impression d'aider qui que ce soit, d'être utile. Pour lui, c'était juste... un devoir, une obligation. Un service auquel il ne pouvait pas dire non. C'était fatiguant d'être incapable de pouvoir refuser alors que jeune, il ne rendait de comptes à personne. Et en même temps, il se sentait à sa place au cours de ses misions. Traquer les Mangemorts, user de sortilèges sans se faire voir des non sorciers, le danger qui rode, l'impression d'être vivant, la nécessité de rester focalisé sur ce qui devait être fait, les sensations d'un duel sans fin, la possibilité de... soupir. Penser à autre chose comme l'idée d'une comète chasse celle d'un trou noir. Les choses étaient ainsi désormais, un point c'est tout.

Ludovic croisa les bras sur ses genoux et y posa la tête, regardant le professeur d'astronomie alors qu'il recommençait à parler tout seul. Il n'écouta pas un traitre mot, trop fatigué pour ça, mais se contenta d'un sourire. C'était agréable d'entendre une voix familière, même si on n'y comprenait rien. Il détailla son vieil ami des pieds à la tête, s'étonnant encore de voir à quel point il avait prit de la stature tout en gardant exactement le même visage, comme si le temps n'avait aucune prise sur lui. L'ancien Poufsouffle s'arrêta soudain et Ludovic perdit son sourire. Mince, il avait dut lui poser une question et il n'avait absolument pas fait attention.

— Je sais pas, fit-il à tout hasard.

Il se releva et s'approcha du télescope l'air de vouloir changer de sujet. Essayant en vain de ne pas se frotter la nuque pour cacher son trouble. Il fit courir ses doigts sur le métal, distrait, alors qu'il commençait à s'enfoncer dans un silence gêné.

— Et... euh, il se racla la gorge. Pourquoi ça t'intéresse ?

Viens, on va quelque part !

Ludovic fut touché par les paroles du professeur d'astronomie. Plutôt normal, n'importe qui l'aurait été, mais pour cet homme là être touché de cette façon avec des mots pareils ça voulait vraiment dire ce que ça voulait dire. Ce n'était pas le genre à écouter des compliments de ce genre et vous dire "Nan, t'exagère" avec un petit rire, du moins pas cette fois. Il avait tellement eut l'impression que l'ancien Poufsouffle croyait en ce qu'il disait, qu'il pensait réellement ça de lui, qu'il avait écouté chaque mot avec attention et les avait laissé lui mettre un peu de baume au cœur. Pour tous ceux qui se demandaient pourquoi le professeur de sortilèges pouvait partir au quart de tour, au sens propre, pour un simple mot de travers, là réponse était là. Parce que chaque mot provenant d'une personne qui arrivait à capter tout son intérêt lui faisait l'effet d'être le dernier qu'il entendrait et que certains devenaient ainsi plus "nocifs" que d'autres. Cela donnait à un compliment toute sa profondeur et au insultes la force de véritables bombes. Ayez le malheur d'utiliser la mauvaise parole dans le mauvais contexte et Merlin seul savait quels genre de dégâts cela aurait put provoquer. Tout vivre intensément, dur d'être dans sa tête. Il y avait d'innombrables moments où il n'aurait souhaité ça à personne, tandis qu'à d'autres, si rares et précieux, comme celui-ci, il savourait chaque seconde.

— Non, non, j'écoutais, put-il répondre sans mentir lorsque Jon eut fini.

Bon, il n'avait tout de même pas retenu la question sur sa vie sentimentale ni quoi que ce soit dans le genre, mais ça n'était pas si grave. Il fit la grimace lorsque le professeur d'astronomie réagit à sa question. IL avait répondu de travers c'est ça ? Il s'était trompé de sujet. Forcément quand on écoute les choses à moitié. Ludovic se massa l'oreille alors que son collègue haussait les épaules. L'astronome s'inquiétait. De quoi ? Il n'avait toujours aucune idée de ce dont ils étaient en train de parler. La main de l'ancien Serdaigle glissa jusqu'à son cou qui commençait à le démanger avant qu'il ne la pose surr le télescope pour chasser son malaise.

— Bien sûr que tu es mon ami, répondit-il essayant de ne pas faire attention lorsque les mots lui écorchèrent la gorge.

Ce n'était pas qu'il mentait, mais il n'avait jamais aimé dire à quelqu'un "tu es mon ami". Pourquoi devoir l'étiqueter comme tel ? Il devait bien le savoir non ? Cela allait de soi et cette phrase sonnait si stupide. S'il n'avait pas eut de l'affection pour lui il n'aurait jamais proposé à l'ancien Poufsouffle de prendre une place si importante dans sa vie. Cela lui semblait une question absurde, la réponse était évidente. Il n'allait pas lui dire qu'il l'avait toujours détesté et qu'il ne trainait avec lui que pour passer le temps. C'était complétement idiot de penser une chose pareil, comme si qui que ce soit pouvait détester un homme comme ça sans être un parfait abruti.

— Pourquoi tu me demande ça ? Tu le sais, pas vrai ? il fit une pause le temps de voir la réaction de l'intéressé avant de reprendre d'une voix qui sonnait creux. Ne t'inquiète pas pour moi. Je t'assure que ça va.

Dans sa poche intérieur sa baguette émit un crépitement outré.

Viens, on va quelque part !

Un "c'est faux" étranglé faillit s'échapper des cordes vocales du français lorsque Jon l'accusa de n'avoir jamais sut mentir. Il y arrivait bien de sa jeunesse ! Toutes ces fois où il avait échappé à une retenue grâce à un bon mensonge alors qu'il avait presque la main dans le sac, ça comptait pour du beurre ? Comment ça c'était des mensonges de Jon ? Ah non... Jon savait mentir ? Il n'était pas foncièrement honnête ? Vous êtes sûr ? Nan... si ? Bon, peut-être qu'il ne savait pas merveilleusement mentir à ses amis, mais ça avait bien dut lui arriver une ou deux fois de réussir un mensonge non ? Il ne se souvenait plus.

Il chassa toutes ces questions de ses pensées, ce n'était pas le sujet. Encore à se faire des montagnes pour rien. S'il avait été ivre il se serait mit une claque. Concentration, remise à zéro. Le ciel au-dessus de sa tête, la vaste salle aux murs se laissant oublier, la hauteur. Il regarda par la fenêtre, on devait sûrement voir le sommet des montagnes d'ici, même avec l'obscurité. Il laissa glisser sa main le long du télescope, sentant le métal glacé à peine tiédit là où il l'avait gardé l'instant d'avant. Fraicheur, calme, espace et hauteur.

— C'est vrai, je vais bien, répondit-il un instant perdu dans le vague.

Pas de crépitement, pas de mensonge. Le professeur de sortilèges prit une profonde inspiration et regarda à nouveau son ami. Une bonne chose de faite. Il tourna les yeux vers un petit objet qui roulait sur le carrelage et alla s'arrêter contre un mur. C'était trop tentant. Il lâcha le télescope et partit jusqu'au mur ramasser l'objet. Il se redressa et le fit sauter en l'air, le laissant retomber dans sa paume. Sympa. Encore un bibelot qui se perdrait dans son chaos. Il le fourra dans sa poche et se tourna vers Jon. Il lui adressa un sourire, l'air de rien. Tu trouve tu garde.

— Je suppose qu'il y a d'autres choses que cette étoile dans le ciel. Elle se sentirait bien seule sinon.

Et il n'y aurait pas eut besoin d'un professeur d'astronomie si l'espace avait été si vide. Le français ne pensait plus que l'étoile serait bientôt remplacée par un trou noir, après tout, il lui restait trois ans, de quoi voir encore beaucoup de choses dans l'univers sans chercher à le détruire. Tout ce qui comptait à ce moment là c'était de connaitre la suite du programme. L'ancien Poufsouffle ne l'avait tout de même pas tiré du lit à deux heures du matin et fait grimper autant d'étages pour lui montrer un soleil rouge avant de dire bonsoir et à la prochaine.

— Tu me montre ?

Viens, on va quelque part !

Ludovic tenta plusieurs fois de placer un mot pour approuver les différentes propositions de son collègue. Peine perdue. Naturellement, tout était intéressant, mais certaines choses l'intriguaient plus que d'autres. Les nébuleuses par exemple ou Osiris qui ne lui disait rien. Il devinait que cela devait être une planète, mais laquelle ? Idem pour Ain. Il les avait peut-être déjà vu durant ses propres cours d'astronomie et en oublier les noms, comme toujours. Quoi qu'il en soit, ignorer quelque chose avait piqué sa curiosité. Peut-être que Jon en reparlerait plus tard ou bien qu'il finirait à penser à autre chose, sinon, il pourrait toujours s'inviter dans la salle de cours un autre soir pour vérifier par lui-même.

Le professeur de sortilèges observa avec grand intérêt son collègue faire tournoyer le télescope. Il se serait presque attendu à ce que l'ancien Poufsouffle finisse par le diriger vers le sol de la tour et lance un "eureka" enthousiasmé. Une idée qui lui tira un léger rictus. Jon préféra s'arrêter sur un point perdu quelque part dans le ciel et déclarer qu'il n'y était pas attaché. Ludovic leva un sourcil perplexe. Cette phrase lui semblait bizarre, c'était comme si son collègue lui avait dit qu'il n'était pas attaché à sa baguette. Les réactions des gens lui semblaient parfois si bizarres... Il approcha malgré tout, décidant de laisser ça pour plus tard et eut une seconde d'hésitation avant de regarder dans le télescope.

Un tourbillon d'étoiles semblait s'être figé dans le cercle qu'il distinguait à travers l'objectif. Des grappes de points lumineux tournoyaient autour d'un dense amas de lumière. Il avait du mal à en voir les limites, tout semblait se confondre dans une brume rosée. Une galaxie, des milliards et des milliards de globes enflammés pareil au soleil et au moins huit fois plus de planètes. Tout cela d'un seul regard. Comment pouvait-on ne pas apprécier ? Ludovic resta plongé dans sa contemplation, regrettant que l'univers ne tourne pas un peu plus vite pour qu'il puisse voir la galaxie bouger.

Il sentit soudain une présence au-dessus de son épaule et recula brusquement la tête. Jon se trouvait juste à côté de lui. Il fit un pas en arrière et se redressa, jetant un bref coup d’œil en direction de la sortie. Un sourire à Jon, puis il regarda le télescope. Ce ne fut qu'une fois le professeur d'astronomie éloigné qu'il se pencha de nouveau vers l'outil pour admirer la galaxie, sans pouvoir s'empêcher de vérifier régulièrement où se trouvait l'ancien Poufsouffle. Il ne se rassura qu'au bout d'une poignée de secondes et cessa de tourner la tête.

— Pourquoi triangle ? demanda-t-il. On dirait plutôt un disque.

Viens, on va quelque part !

La galaxie disparut lorsque Ludovic cligna des yeux. Il recula, un bruit attirant son attention. Jon semblait mettre son bureau à sac, fouillant dans tout un tas de croquis. Il eut un sourire. Certaines choses ne changent jamais. Il retourna à sa contemplation, pas très longtemps. Le professeur d'astronomie se rapprocha de nouveau, l'échevelé prit soin de rester où il était, mais suivit chacun de ses gestes  avec attention, l'air d'attendre un mouvement hostile pour prendre ses jambes à son cou. Il écouta les explications sur ce petit décalage géométrique. Une question de position. Il trouvait cela passionnant, aurait bien aimé en savoir plus. Pour quelqu'un qui n'aimait pas l'histoire de la magie il s’intéressait beaucoup aux origines. Il se mit légèrement en retrait pour laisser le champ libre au professeur d'astronomie de faire de nouveaux réglages. Il commençait à trouver cela amusant, amusant et très frustrant. Chaque fois que le Poufsouffle faisait tourner le télescope c'était pour trouver une merveille inconnue de l'univers. C'était grisant de découvrir ce que son vieil ami avait à lui proposer comme curiosité et rageant de se dire qu'il ne pourrait rien faire de plus que de les regarder à travers une lentille.

Jon fixa son choix sur l'un des satellites de Jupiter. Ceux-là, Ludovic les connaissait, c'était lorsqu'il avait encore cours d'astronomie. Cela restait un plaisir bien entendu. Les planètes et les lunes sont toujours les plus belles, si prometteuses de terres inexplorées, de paysages impossibles. Les astéroïdes par contre, c'était moins palpitant. Bien qu'il devait y avoir des choses intéressantes en creusant un peu, mais bon, un caillou reste un caillou. Il y avait mieux, Ganymède par exemple. Elle ressemblait tellement à la Lune, la même couleur nacrée, mais si différente en même temps. Les cratères plus vastes et les points blancs irisés comme des flocons de neige posés à sa surface. Le professeur de sortilèges se souvenait d'une lubie qui l'avait occupé quelques semaines après qu'il ait vu ce satellite pour la première fois. Il avait essayé de comparer tous les cratères qui différaient entre Ganymède et la Lune. De nombreuses nuits d'insomnies qui s'étaient terminées par un évanouissement dans un couloir et deux jours d'un délicieux sommeil sur un lit de l'infirmerie. Vive les lubies.

— Oh, fit-il avec un grand sourire béa. J'avais vu une photo dans un manuel où elle ressemblait à la Terre, tu sais, on aurait dit qu'il y avait des océans et des continents dessus, vraiment comme une deuxième Terre, mais avec comme... des tâches blanches dessus. J'ai cherché à la retrouver à la bibliothèque, j'aime bien, c'était beau, mais je l'ai pas retrouvé. C'est comme les exoplanètes et puis les planètes gazeuses c'est cool. On dirait qu'il y a des continents dessus et les gazs je me demande toujours s'ils bougent ou s'ils restent assez... fixes. Tu croit que c'est comme des nuages ? Je pense que c'est obligé que ça bouge vu que c'est du gaz. De toute façon tout bouge tout le temps là-haut, tu crois qu'il y a des sortes de points qui restent où ils sont ? Je crois que non, il faut toujours du chaos. Du désordre, l'univers n'aime pas l'ordre, mais le chaos...

Il laissa ses pensées en suspends, le regard perdu dans le vague. Oui, le chaos c'était bien.

Viens, on va quelque part !

Jon s'attaqua à un placard, délogeant tout un tas de bric-à-brac. Il faudrait que Ludovic pense à venir y jeter un coup d’œil, il trouverait peut-être des choses intéressantes à y récupérer. Bibelots, parchemins vierges pour ses gribouillages, il faudrait qu'il pense à s'y remettre d'ailleurs, au dessin, la marée de feuilles blanches qui moisissait sur le plancher, cela n'avait aucun sens et ça commençait à le déprimer. Lancé à la recherche d'un crayon, il alla jusqu'au bureau du professeur d'astronomie et mélangea un peu plus les croquis des élèves. Il n'y aurait pas eut de noms sur chaque copie il aurait peut-être pensé une seconde que tout cela avait été fait par le professeur d'astronomie. Certains n'étaient pas mauvais, d'autres tout à fait improbables, mais il aurait été bien incapable de faire une réelle différence et encore plus de les noter. Cela lui faisait penser qu'il n'avait pas encore corrigé les quelques examens de sortilèges qu'il avait fait. Il le ferait, c'était... euh... où est-ce qu'il les avait mis ? Il récupéra un dessin pour le regarder de plus près.

— Qu'est-ce que tu en fais ? Tu les accroche aux murs ? demanda-t-il.

Ludovic leva la tête voyant un livre atterrir devant lui. Un livre d'astronomie, le seul genre qu'il n'ait encore jamais corrigé, pas une ligne, pas une photo, alors que dans n'importe quelle autre matière il trouvait toujours des centaines de choses incohérentes, en astronomie il n'avait rien trouvé. Il faut dire qu'il ne corrigeait que s'il était certain d'avoir raison ce qui était loin d'être le cas avec les étoiles, mais cela reste entre nous bien entendu. Enfin, dans sa tête. Imaginez que tout le monde se mette à comprendre le pourquoi du comment de chacune de ses actions - à condition que ce soit possible -, cela serait barbant.

Ludovic regarda la photo qu'on lui montrait du doigt. Oui, c'était bien elle. Même à l'envers, il reconnaissait tous les détails. Magnifique petite chose, si immense et lointaine au-dessus d'eux. Jon lui tendit le livre, le professeur de sortilèges s'en empara aussitôt et commença à le feuilleter. Planètes, astéroïdes, constellations... trop pour une seule vie et pourtant le livre était petit. Ludovic le laissa tomber sur la pile de croquis. Il fallait bien choisir entre jeter des coups d’œils à droite à gauche pour toucher tous les domaines ou bien approfondir un seul d'entre-eux. Il avait dut opter pour les sortilèges. Il continua à feuilleter le livre et les croquis, cherchant des correspondances et alla tout à coup à la dernière page. Déchirée ou pas ? Si elle l'était il devrait penser à lui arracher les yeux un de ces jours. Le petit Poufsouffle vandale.

Le professeur d'astronomie l'interpela tout à coup. Ludovic referma le livre aussitôt et tourna la tête, réprimant un bâillement qui l'avait prit par surprise. Il se frotta un œil et approcha du télescope, s'appuyant dessus alors qu'il regardait une énième fois à travers la lentille. Jolie truc vert suspendu dans le ciel. Il bailla pour de bon etferma une seconde les paupières pour chasser les picotements au coin de ses yeux. Nouvelle planète, c'était vrai qu'elle ressemblait à la Terre ainsi qu'à la photo qu'il venait de voir. Avec un peu de chance il y aurait eut de l'oxygène sur celle-ci, mais le brun avait un peu de mal à s'en assurer. Il regarda droit devant lui une seconde avant de se poser une question.

— Tu crois qu'il y a une chance pour qu'il existe vraiment une deuxième planète identique à la Terre. Je veux dire avec les même atmosphère, taille, soleil, orbite, plages...

Le temps entre chaque mot s'était allongé au fur et à mesure et il n'était pas certain que le dernier soit très adapté, mais il était actuellement à court de vocabulaire technique.

— Continents peut-être...