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 [flash-back] Comme un air de renouveau

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Ludovic Descremps
Ludovic Descremps


Gallions : 5651
Date d'inscription : 17/09/2014
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Caracteristique : Membre de l'Ordre du Phénix
MessageSujet: [flash-back] Comme un air de renouveau   [flash-back] Comme un air de renouveau Icon_minitimeDim 26 Oct - 2:58

Comme un air de renouveau

Une neige drue tombait dans les passages étriqués du Chemin de traverse en un épais mur gris tourbillonnant. Les bruits semblaient suspendus à la chute des flocons qui s'agglutinaient sur les murs, les vitres, les devantures des boutiques et les manteaux des passants, ne laissant aucune surface exposée sans la recouvrir de leur pâleur arrachée des nuages. Des larmes d'eau figées en pointes translucides ornaient les recoins cachés des toitures démesurées, gouttant à peine lorsque la fumée noire des cheminées gelées les enveloppaient de leur chaleur à la senteur de bois avant d'aller grossir la demi-brume. C'était épais, crasseux et étouffant.

Sur le sol couvert de givre, une croute de neige rendue boueuse par les bottes des passants traçait un chemin détrempé entre les congères dont les innombrables embranchements tournaient chacun vers la porte tiède d'une boutique bien chauffée. A travers les vitrines des devantures, on pouvait deviner les silhouettes troubles de vendeurs et clients occupés à plaisanter, les mains au-dessus d'un feu, en attendant que la mauvaise saison passe. Il n'y avait personne dans les rues, à l'exception d'un seul homme.

Emmitouflé dans un grand manteau noir au col redressé sur sa nuque, il gardait la tête baissée, concentré sur les places où il devait poser les pieds. Le dos et les cheveux couverts de neige, les mains enfoncées au plus profond de ses poches, si insignifiant parmi les torrents blancs, il suivait la route boueuse. Un nuage de buée se formait sous son souffle, presque invisible parmi la brume, c'était si tranquille ici, dans le froid vent d'hiver. A une date ou personne ne sortait de chez soit passé la fin d'après-midi, il aurait aimé rester assit au pied d'une façade, assez longtemps pour que la neige le recouvre et que le monde l'oublie. Tranquille, crasseux, épais et étouffant.

L'homme stoppa soudain, son pieds heurtant une flaque alors qu'il marquait l'arrêt. Il se redressa de tout son long face à la façade arrondie d'une très vieille boutique. Il se hissa sur les deux marches du perron, enroula les doigts sur la poignée gelée, poussa la porte et entra dans un tintement de clochette.

Après deux enjambées pour se placer au centre de la pièce, le visiteur fit tomber la neige de son manteau, s'entourant d'un cercle froid qui ne tarderait pas à fondre et détremper le plancher. Jetant un œil méfiant sur les rangées de boites qui couvraient tous les murs, il ébouriffa ses cheveux bruns, le dos étrangement vouté, comme s'il se trouvait impressionné par le nombre de baguettes qui se trouvaient autour de lui. Lorsqu'il lui sembla avoir retiré assez de grains immaculés, il remit ses mains dans ses poches, le regard sombre, et attendit sans s'annoncer que quelqu'un vienne.

Ce fut un petit homme aux cheveux blancs qui se montra au bout d'un instant. L'air distrait, il ressemblait un peu à un bibliothécaire resté trop longtemps à faire du tri dans ses précieux ouvrages.

— Oui ? fit-il avec une pointe d'inquiétude devant l'allure de son client.

— Je viens pour une baguette, gronda l'homme en noir entre ses dents. Un remplacement.

Le boutiquier hocha la tête et avança d'un pas prudent jusqu'à son petit comptoir. A côté de lui, le visiteur se faisait l'effet d'un géant dans une pièce trop étriquée.

— Quel genre de baguette aviez-vous ?
demanda Ollivanders.

— Erable, 35,2 cm, plume d'Hyppogriffe, souple. répondit l'autre comme s'il énonçait une liste de courses.

Le petit homme hocha une nouvelle fois la tête et s'approcha de son client pour prendre ses mesures. Le brun se laissa faire, non sans lever les yeux au ciel et lancer nombre de soupirs. Tout en travaillant, le boutiquier continua de questionner son client qui répondit avec plus ou moins de patience et de bonne volonté. Au bout d'un bon quart d'heure, Ollivanders quitta son mètre pour fouiller dans ses rayonnages couverts de boites. Il en sortit une bonne vingtaine, toutes de tailles, de bois et de cœur différents. La première qu'il tendit à son client faisait à peine vingt centimètres.

— Vous vous foutez de moi ? rétorqua l'autre sans même prendre la peine de sortir les mains de ses poches.

Le vendeur ne se découragea pas pour autant et l'homme aigri fini par essayer la baguette qui ne provoqua absolument rien. Il la rendit à celui qui lui avait donné, la jetant presque. Nouvelle baguette, bois de Hêtre, 33 centimètres. Aucun effet.

Une à une, chaque baguette passa dans la fine et froide main blanche du sorcier vêtu de noir. Chêne rouge, if, pin, prunellier, hêtre, érable, saule ou sycomore, toutes semblaient comme morte entre ses doigts. Seule une baguette en tilleul argenté émit un bref crépitement, l'air d'agoniser. Ollivanders n'en démordit pas, il ramena une nouvelle série de boites dont le contenu resta encore et toujours sans effet. Au bout d'une heure, il commençait à se creuser la tête, cherchant ce qu'il n'avait pas encore put proposer.

Pendant ce temps, le visiteur se glissa sur le côté, pour s'approcher d'une série de boites à l'écart. Il fit distraitement glisser ses doigts le long des bords carrés et s'arrêta au hasard pour en tirer une hors de sa place. C'était une boite d'un bleu passé, comme toutes les autres autour d'elle, sans doute la raison pour laquelle il s'était approché. L'homme la fit tourner entre ses mains, jonglant presque avec, tandis qu'Ollivanders parcourrait ses rayons depuis ses échelles tournantes. Le brun retourna la boite et laissa un peu glisser le couvercle avant de la remettre à l'endroit pour l'ouvrir. Il écarta le papier cassant et toucha la baguette qui dégagea aussitôt une intense et douce chaleur sous sa peau.

L'homme resta figé une seconde avant de sortir l'objet en bois sombre de son étui. La chaleur n'arrêta pas, semblant même s'intensifier. Il la sentit réchauffer avec délicatesse ses paumes glacées, puis son bras et son corps tout entier. Pas d'étincelles ni quoi que ce soit d'extraordinaire. Ce n'était peut-être qu'un rêve, mais il savait que c'était elle.

— Combien pour celle-ci ? demanda-t-il d'un ton presque pressant.

Le petit homme aux cheveux blancs sembla surpris de l'entendre, comme s'il avait oublié que quelqu'un se trouvait à ses côtés. Il approcha aussitôt, récupéra la baguette avec délicatesse pour la remettre dans sa boite et regarder l'étiquette.

— Noyer noir, 34,1 centimètres, crin de licorne, flexible, énonça-t-il avant de hocher la tête et emporter la boite jusqu'à son comptoir, son client, l'air envouté, sur les talons.

Le noyer noir était assez couteux, mais le brun déposa la somme sans discuter. Il récupéra sa boite, visiblement impatient de partir.

— Très beau bois le noyer noir, fit soudain Ollivanders. Pour les perspicaces et instinctifs, mais elle perd tout pouvoir lorsque son propriétaire fait preuve d'aveuglement. Vous devez être quelqu'un de très sincère, avec un peu de chance elle vous servira aussi bien que la précédente.

Le grand homme le fixa quelques minutes d'un intense regard brun avant de faire demi-tour et quitter la boutique sans un mot, son achat sous le bras. Il descendit précipitamment les quelques marches du perron et s'immobilisa sous la neige. Alors que les flocons commençaient à blanchir ses cheveux, il ouvrit la fine boite bleue et en sortit une nouvelle fois cette baguette presque noire. La chaleur douce n'avait pas tiédit malgré le froid. Laissant tomber l'étui dans la neige, Ludovic glissa sa nouvelle baguette dans la poche intérieur de sa veste. Il baissa la tête et remonta le col de son manteau avant de mettre les mains dans ses poches. Prenant un nouveau sentier boueux, sans savoir où il le mènerait, mais sûr d'être accompagné.



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