Le monde est petit {Lis'Rian}

Ces derniers temps, la Luxure avait beaucoup de choses à penser. Trouver un moyen d'apaiser les tensions avec Hans, de gagner la confiance de Ludovic, de repousser plus loin les limites de son don de métamorphose... Cela ne lui laissait pas tant de temps qu'elle l'aimerait pour des activités plus axées sur la détente. Et toute cette frustration l'empêchait de penser correctement ou de contrôler ses pulsions comme elle le voudrait. C'était gênant. Soit. Il n'empêchait qu'elle devait tout de même trouver une tenue pour rencontrer le professeur de Sortilèges. Cette affaire avança bien plus lentement qu'elle ne l'aurait aimé et elle comptait bien faire monter le niveau. Discuter, se regarder dans les yeux, c'était bien joli mais pas terriblement intéressant. Mettre en valeur ses atouts dans une jolie robe, c'était un plan comme un autre.

Après des heures d'essayages intensifs, une bonne dizaine de boutiques et de nombreux débats intérieurs, elle avait trouvé ce qu'elle allait porter lors de son prochain rendez-vous. Et elle était plutôt satisfaite de son choix. Bon, ça lui avait coûté assez cher, mais ça en valait la peine. Ce n'était pas comme si elle manquait de moyens de toute façon. La clochette de la boutique sonna quand elle poussa la porte pour en sortir, sa précieuse acquisition avec elle.

« Aidrian ! » Elle s'approcha d'elle, lâcha son sac et la prit dans ses bras. « Je vais bien et toi ? »

Enfin, tout n'allait pas parfaitement bien. Elle avait quelques soucis, de maîtrise d'elle même, principalement. Il se pourrait bien qu'elle aie besoin de son aide. Seulement, elle n'allait pas lui demander ça comme ça, sans introduction. Lui annoncer qu'elle avait du mal à se retenir de sauter sur quelqu'une plus d'une heure d'entrée de jeu, ça risquait de faire vraiment étrange. En tout cas, cette rencontre tombait vraiment très bien.

« Qu'est-ce que tu viens faire par ici ? » Elle jeta un regard aux achats de l'alchimiste et sourit. « A part t'hydrater, bien sûr. »

Elle reprit son sac en main, elle n'avait pas dépensé autant d'argent pour prendre le risque que la robe s’abîme parce qu'elle avait laissé traîner son contenant. Même si elle ne se souciait pas particulièrement de ses gallions. Ou peut-être que son colocataire déteignait sur elle. Aidrian allait bien, tant mieux. Elle n'était pas du genre à se plaindre de toute façon et Lisbeth doutait qu'elle ne réponde par la négative sans avoir une cause vraiment grave pour le faire. Quand aux événements de Pré-Au-Lard... Elle voyait très bien de quoi elle parlait. Hum. Soit.

« Oh, oui, le Bal. On s'y verra peut-être, qui sait ? » Elle regarda un peu autour d'elle, cherchant vaguement la silhouette familière de la jeune attrapeuse. Elle devait être à l'intérieur, c'était étrange qu'elle ne l'ai pas croisée. Enfin, la boutique était grande.  « Tu n'es pas sortie seule alors ? Je ne voudrais pas te retenir trop longtemps dans ce cas. »

Elle lui offrit un sourire un peu malicieux. Elle ne savait pas encore si elle serait invitée ou pas. Mais elle n'avait en envie de manquer ça. A la question sur le motif de ses courses, elle passa une main dans sa nuque, pour camoufler un peu sa nervosité. Pour une occasion particulière, elle avait vu juste. Elle expliqua, un peu, même si cela impliquait d'avoir une relation régulière avec quelqu'un et lui semblait donc un peu étrange.

« J'ai un... rendez-vous. Et je voulais trouver quelque chose d'approprié. »

Elle jeta un regard au paquet qu'elle transportait. Oui, ça serait approprié. Pas aussi tape à l’œil qu'elle ne le voudrait ou n'en avait l'habitude mais ça avait des chances raisonnables de plaire à Ludovic. Elle l'espérait en tout cas. D'ailleurs, il ne fallait pas qu'elle oublie un détail important. Surtout si elle comptait retourner faire les magasins avec Kennedy.

« En parlant de ça... Je sais que tu es fort occupée et je ne voudrais pas te déborder plus que tu ne l'es déjà. Mais je me demandais si tu aurais le temps de me préparer une potion. »

Elle regardait vaguement le sol et ses propres pieds. Oui, elle était gênée, voilà. Ça lui arrivait rarement, mais devoir admettre qu'elle se contrôlait tellement peu qu'elle avait besoin d'une aide magique pour ne pas choquer et faire fuir un homme bien plus vieux qu'elle, ça suffisait à la rendre honteuse. Le manque de contrôle, bien sûr. Pas ses pulsions en elles même.

A la mention d'un cavalier, elle sourit, un peu mystérieuse. A vrai dire, elle ne sait pas elle même avec qui elle va y aller, elle sait juste qu'elle a vraiment envie d'être présente. Peut-être que Ludovic l'invitera. Ou pas. Elle a toujours Jorgen qu'elle pourra tenter de convaincre avec des offrandes comestibles. Alors elle n'allait pas s'avancer en déballant des noms. Kennedy était là ? Oh, elle ne savait pas trop qu'elles se connaissaient. Enfin, si c'était la même Kenn, mais ça ne devait pas être un prénom courant. Elle jeta un petit regard par dessus son épaule, vers l'intérieur de la boutique mais sans s'acharner. Si elle essayait des vêtements, elle était à l'intérieur d'une cabine, forcément hors de vue. Enfin, elle lui expliqua ce que elle, elle venait faire là, avant de profiter de cette coïncidence pour lui demander une potion. Elle fut déjà un peu soulagée qu'elle accepte. Seulement, maintenant il fallait expliquer ça. Moui. Elle passa sa main libre dans ses cheveux pour gagner un peu de temps et trouver ses mots. Ce n'était pas comme si elle cherchait à soigner un éternuement.

« Quelque chose pour... me calmer ? Je ne sais pas vraiment. Tu me connais, j'ai du mal à prendre les choses lentement. Enfin, ce n'est pas que c'est un problème mais... J'ai rencontré quelqu'un et je n'ai pas envie de risquer de lui faire peur. Et il est lent. Vraiment. »

S'en suivit un regard lourd de sous-entendus. Non parce que, troisième rendez-vous et toujours pas un bisou sur le pas de la porte, ça commençait à faire long. Surtout pour Lisbeth mais même en général. Enfin, il lui semblait. Soit. Mais elle ne savait pas si ça prenait du temps ou pas, ou même si c'était possible. Ça l'était sans doute, surtout pour Rian.

« Si tu n'as pas le temps, je comprends, mais je dois avouer que ça me sauverait la soirée. »

Spoiler:

Le plus embarrassant était fait, normalement, maintenant qu'elle avait exposé son problème. Et la compréhension sur le visage d'Aidrian l'assurait qu'elle voyait précisément où elle venait en venir. Sa vieille amie prit vite un air de concentration alors qu'elle faisait le tour de la question. Au moins, elle n'avait pas dit directement que c'était impossible, ce qui était déjà très bien. Elle hocha la tête alors que Aidrian réfléchissait à voix haute. Oui, évidemment, des aphrodisiaques, on trouvait ça à tout les coins de rues. La belle affaire. A la mention des effets secondaires, elle haussa les épaules. Elle était prête à les supporter si ça pouvait lui permettre de convaincre Ludovic qu'elle était normale et de faire avancer son plan. Ça n'était pas comme si elle n'avait jamais pris des pilules sans savoir ce qu'elles faisaient.

Elle ne voulait cependant pas que la blonde se sente forcée de le lui faire et lui laissa une porte de sortie, lui disant qu'elle comprenait si elle n'avait pas le temps. Mais Rian avait envie de l'aider, puisqu'elle insista qu'elle trouverait le temps. Lisbeth sourit à ça. Elle ne savait pas si elle pouvait y arriver ? Elle était un génie, voyons ! Bien sûr que ça irait. A la mention de glisser un petit quelque chose dans le verre de son compagnon, elle rit un peu, comme si c'était absurde. Non, non, elle n'y avait pas du tout pensé intensément.

« En effet, ça serait une solution à très court terme. C'est dans une petite semaine. » Elle était ravie de voir l'expression excitée sur le visage de l'alchimiste et se dit qu'elle pouvait pousser sa chance un peu plus. Elle ajouta, un sourire sur les lèvres et un défi dans la voix : « Tu penses que tu en seras capable ? »

Quand elle confirma qu'elle aurait sa potion pour son rendez-vous et qu'elle n'aurait pas à s'inquiéter, Lisbeth sourit largement. Elle lui montra son appréciation en la prenant dans ses bras pour lui faire un gros câlin. C'était un peu le remerciement ultime, non ? Pour Lis, en tout cas. Et puis elle aimait toucher les gens, en général, même quand tout le monde était habillé.

Évidemment, 'Rian avait d'autres choses à faire, et Kennedy était peut-être en train de retourner le magasin pour trouver l'alchimiste. Oh, une adresse, oui bien sûr. Elle fouilla dans ses poches pour un tirer un bout de papier, une carte de visite de Hans avec son adresse pour lui envoyer du courrier. Parfait. Elle la tendit à Aidrian.

« Tu m'en doutes, ce n'est pas mon nom. Mais c'est mon colocataire, donc le hibou arrivera sans soucis. »

Elle souriait comme une gamine, à l'idée que tout se passerait bien lors de son rendez-vous. Et qu'elle avait des gens prêts à l'aider de temps en temps. C'était pas aussi commun qu'on pourrait le penser, surtout que la professeur ne lui avait rien demandé en échange et le faisait juste... par sympathie. Un sourire sincère s'étira sur son visage et elle lança avant de s'en aller.

« Merci beaucoup, Rian. Mille fois. Passe une bonne après midi ! »