Do you remember ?

C’était une drôle d’impression. Le pressentiment que quelque chose allait arriver, sans toutefois savoir si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Elle avait la sensation d’une petite boule de stress dans sa poitrine, sans savoir ce qui l’attendait pour cette nouvelle journée. Mais la journée avait filé à une vitesse folle sans qu’il y ait la moindre particularité. Quelques égratignures à soigner, de la paperasse à remplir, des élèves à réprimander gentiment en leur intimant l’ordre de faire attention. Mais rien qui pouvait justifier qu’elle soit un peu stressée. Etait-ce à cause de ce soir ? C’est vrai que ça arrivait très peu souvent que Jane ne quitte le château pour se rendre à Pré-Au-Lard le soir. Elle allait retrouver ses amies qui avaient fait son internat à Sainte-Mangouste en même tant qu’elle avant qu’elle ne parte pour Poudlard. C’était l’occasion de se changer les idées, de trainer avec des personnes de son univers mais aussi de son âge. Et puis de prendre des nouvelles de toutes. Elles s’étaient donné rendez-vous aux Trois Balais, en souvenir du bon vieux temps où elles étaient toutes étudiantes à Poudlard.

Sortant de sa douche, une serviette autour du corps, elle avait commencé à s’habiller de manière habituelle, enfilant une robe d’hiver avant de se diriger vers sa coiffeuse. Elle prit le soin plus particulier de faire ses cheveux et de se maquiller, estimant que c’était une occasion particulière. Depuis le bal, elle avait gardé ses cheveux bruns, sans réellement savoir pourquoi. Passant une cape d’hiver autour de ses épaules, mettant écharpe, gants et bonnet, elle avait descendu tous les escaliers menant jusqu’aux grandes portes de Poudlard d’un pas précipité avant de sortir dans l’air frais du soir.

Il lui avait fallu une trentaine de minutes pour arriver jusqu’à la taverne. Elle embrassa ses collègues déjà présente et bientôt, elles furent toutes réunies autour d’un verre. Les éclats de rire, les anecdotes de Poudlars, les souvenirs, les anecdotes d’infirmières sur leurs pires patients, les plus loufoques, les cas particuliers, tout fut passé en revue au cours de la soirée. La jeune femme attendit la fin d’une histoire concernant un homme particulièrement velu à cause d’une potion avant de se lever pour aller commander une nouvelle tournée pour la table. Il y avait quand même un peu de monde dans la taverne, pas de là à ce que le bar soit bondé mais quand même. Prenant son plateau remplit de boissons, elle se retourna un peu trop vivement, bouscula quelqu’un et leva ses yeux pour s’excuser auprès de la personne. Et ce fut le bug complet.

Ce qu’il y avait un instant plus tôt dans ses mains s’échappa et s’écrasa par terre dans un bruit de fracas, couvert par le bruit des conversations. Le liquide éclaboussa ses chaussures et le bas de sa robe, mais elle n’y prêta aucune attention. Zack. Alors que les souvenirs repassaient à toute vitesse dans sa tête, elle sentit la boule grossir dans sa poitrine et une nouvelle se former dans sa gorge. Les larmes vinrent s’installer au coin de ses yeux, menaçant de couler d’un instant à l’autre. Elle aurait voulu s’enfuir et rester en même temps. Lui parler et le gifler à la fois. L’entendre tout en ne le voulant pas. Tout s’embrouilla très vite sur ce qu’il convenait de faire maintenant, elle était pétrifiée sur place, les yeux rivés sur les siens. Ca faisait trois ans. Elle avait cru être passé au-dessus de tout ça à force, avec le temps mais ils ne s’étaient jamais revus... Et maintenant, elle avait l’impression de revenir trois ans en arrière. Il n’avait pas énormément changé, ses traits faisaient plus de lui un homme, moins adolescent mais au vu de son camp, ça ne semblait pas étonnant.

Quand elle eut repris conscience de sa mobilité, elle se décida à fuir vers les toilettes, sentant le mal et la tristesse compresser ses poumons.

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C’était donc ça cette petite boule, ce pressentiment que quelque chose allait lui arriver. Elle avait pensé que c’était l’excitation de revoir ses amies mais au final, non, pas du tout. Que faisait-il ici ? Elle ne sortait pratiquement jamais de l’enceinte de Poudlard, encore moins le soir et il avait fallu que le destin les réunissent aujourd’hui. Son coeur s’était mit à battre à toute vitesse, martelant sa poitrine. Elle le pensait tellement loin d’elle qu’elle n’avait jamais soupçonné qu’elle pourrait le croiser ici. Elle pensait encore à Zack parfois, mais elle avait toujours refoulé ça au fond d’elle, comme si elle avait oublié. Mais il avait juste fallut qu’elle l’aperçoive et tout s’était effondré en elle. Les barrières qu’elle avait construite entre elle et ses sentiments pour l’ancien vert et argent, plus rien n’était. Tout s’était écroulé comme un vulgaire château de cartes. Elle aurait voulu se gifler intérieurement. Trois ans. Trois années étaient passées. Mais ça lui faisait mal comme si ils s’étaient quittés hier.

Elle l’avait pensé loin, envoyé en mission très loin d’elle. Elle avait quand même espéré qu’il ne serait pas tuer au cours de ces dites missions, parce que malgré tout, elle tenait à lui et bien qu’elle reniait parfaitement ses sentiments à l’égard du jeune homme, elle ne pouvait pas se mentir à elle-même, des sentiments pour lui, elle en aurait toujours. Même si elle avait du rafistolé, soigné ou voir mourir des personnes mutilées, blessées ou tuées par son camp. Elle avait toujours prié pour que ce ne soit pas ses victimes mais il ne fallait pas se leurrer, il était mangemort, comme ses parents l’avaient voulu et il avait renié tout ce qui était bon en lui, au grand désespoir de l’ancienne Serdaigle. Mais même en sachant qu’il faisait partie des partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom , jamais il ne lui était venu à l’esprit de le dénoncer aux aurors. Elle ne ferait jamais ça, il y avait bien trop de risques qu’il soit blessé au cours de l’échange et elle continuait à le protéger, bien malgré elle.

Une perle salée s’écrasa sur sa joue, abattant ses tentatives de refouler ses larmes, au moins jusqu’aux toilettes. Elle se pétrifia sur place quand elle entendit qu’il l’avait appelée. Ca faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus entendu le son de sa voix, bien qu’il fut toujours gravé dans sa tête. Son côté courageux prit un peu le pas sur son indécision à savoir quoi faire. Elle se retourna pour planter ses yeux bleus dans ceux du mangemort, ignorant les larmes coulant sur ses joues comme si elles n’étaient pas là. Une foule de sentiments contradictoires se bousculaient en elle. Elle lui faisait face, mais elle ne trouvait pas quoi lui dire. Il y avait un million de choses qu’elle aurait voulu lui dire mais rien ne voulait franchir ses lèvres.

-Zack.

Ce n’était qu’un murmure, probablement plus pour elle-même, bien qu’il fut parfaitement audible. Elle croisa les bras sur sa poitrine, protégeant son coeur de ses bras, un peu sur la défensive. Elle ne voulait pas retourner à Poudlard en étant abattue par sa rencontre avec le blond. Alors ça ne changerait probablement rien mais c’était un peu réconfortant de sentir une pression contre elle, bien que ce n’était pas celle d’une étreinte.

-Tu...

Me manques. Es un abruti. Peux encore changer de camp et d’avis. Me fais mal. Es beau. As fais les mauvais choix. Devrais quitter tes parents et leur influence. N’es qu’un mouton au service de la mauvaise cause.

-...As l’air en forme.

Dégonflée... C’était tout ce qui était parvenu à sortir de ses lèvres alors qu’elle brûlait des milliers de choses à lui dire. D’un geste de la main, elle essuya les trainées de larmes sur ses joues, pleurer n’arrangerait rien et n’allait certainement pas le sensibiliser. Combien pleurait en étant torturé, mutilé ou encore avant d’être abattu ? Et au final... C ne changeait rien. Ca ne changeait jamais rien.

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Elle voulait et ne voulait pas tellement de choses à la fois qu’elle se perdait elle-même, comme enfermée dans un labyrinthe, sans possibilité de trouver la sortie. Partagée entre ses sentiments et l’envie de fuir, elle était finalement restée plantée là, ne voyant même pas les personnes qui s’étaient arrêtées de parler ou de boire pour les observer. Peut-être attendaient-ils qu’une scène de ménage éclate entre les deux. Ou des règlements de comptes. Mais Jane ne leur prêtait aucune attention, gardant les yeux rivés à ceux du jeune homme se trouvant face à elle, une chope dans une main, l’autre bras sur sa poitrine.

Elle s’était demandée pendant longtemps pourquoi elle lui accordait tellement d’importance après qu’il soit parti. Pourquoi faisait-elle tourner le soleil, les planètes, les étoiles et tout son monde autour de lui alors qu’au final, qu’avait-elle été pour lui ? Au fond, elle s’était persuadée qu’elle n’avait pas été grand chose, probablement proche du rien. Elle s’était fait des illusions par apport à lui et ses sentiments. Pourtant, au fond, elle savait qu’elle se persuadait de choses complètement fausses. Il était quelqu’un de bon qu’on avait fait devenir mauvais. Et encore... Elle ne pouvait pas croire, ne pouvait s’empêcher d’espérer que c’était juste une mauvaise façade avec un bon fond derrière... Il valait mieux ça que l’inverse, ce qui aurait impliqué que ce qui avait tant d’importance pour elle n’avait rien été pour lui.

Elle n’avait même pas eu le courage de lui dire ce qu’elle avait a lui dire, se retranchant derrière des paroles banales et sans intérêt. Ils avaient été ensemble durant des mois, elle avait eut une entière confiance en lui et maintenant elle ne parvenait même pas à sortir des banalités. Mais lui non plus apparemment. Ah oui, c’est vrai, elle était restée brune après le bal... Ca lui semblait tellement loin tout ça maintenant. Comme si Zack et sa vie d’infirmière à Poudlard était incompatible, ne faisant pas partie du même monde.

-Oui, je n’ai pas encore eut le temps de changer ça...

Il avait soupiré et elle avait l’impression de l’ennuyer profondément, ses joues se mirent à rosirent, comme à son habitude lorsqu’elle était mal à l’aise. Elle fut prise au dépourvu quand il lui demanda si elle était venue seule. Qu’est-ce que ça pouvais bien changer pour lui de toute façon ? Il avait toujours son charme, encore plus maintenant qu’il avait son côté «homme viril». S’interdisant mentalement de penser à ce genre de choses, elle se mordit la lèvre. Et il ouvrit à nouveau la bouche, alors que la demoiselle ne pouvait quitter ses yeux du regard, elle ne put s’empêcher de les baisser. S’asseoir avec lui... Pourquoi faire ? Il agissait comme si il ne s’était jamais rien passé, comme si leur rapport était toujours restés juste amicaux et jamais rompu. Les larmes assaillirent à nouveau ses yeux mais elle les retint de couler, gardant encore un peu de dignité, ou ce qu’il en restait du moins.

-Oui. Enfin... Non. Je suis venue rejoindre des amies, je suis venue seule sans vraiment l’être.

Et voilà qu’elle perdait ses moyens, ses mots, le ton neutre qu’elle aurait du appliquer pour lui parler. Sa dignité s’étant échappée avec son courageuse, la laissant là, seule, face à lui, complètement désarmée. Elle n’avait toujours pas répondu à sa seconde question, ne sachant pas quoi lui dire. Mais une petite voix lui murmurait que si elle ne le faisait pas, elle le regretterait amèrement demain. Et tous les jours suivants. Elle avait déjà mal de toute façon alors autant aller au bout des choses.

-... Je te suis.

Mais elle ne pouvait toujours pas recroiser ses yeux et elle gardait ses bras serrés contre sa poitrine, à défaut que ce ne soit ses bras à lui.

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Je t'aime. Tu me manques. Il faut qu'on parle. Nous étions heureux. Vous êtes devenu un monstre et un étranger. Ils se quittèrent malheureux et n'eurent aucun enfant.

Sa dignité disparue, elle n'avait plus rien à perdre. Son coeur s'était émietté dans sa poitrine, respirer lui faisait mal. Le voir, l'entendre, ça lui faisait mal, mais le pire c'était d'être si proche et si loin à la fois. Elle aurait voulu qu'il la prenne dans ses bras, qu'il s'excuse, qu'il l'aime. Mais pourquoi s'excuserait-il? De quoi surtout ? De ne jamais l'avoir réellement aimée ? De n'en avoir rien à faire d'elle? Elle avait gardé les yeux baissés, cherchant à ne plus voir son indifférence et son ennui face à elle.

Il avait essayé de la renvoyer auprès de ses amies, de se débarrasser d'elle, une fois de plus. Et elle fut fort tentée de le laisser là et de partir, de partir loin. Mais son corps se refusait à bouger de là, comme si une glue perpétuelle l'avait collée au sol. Finalement, il s'était installé à une table, "supposant" qu'ils avaient des choses à se dire. Il supposait ? Sérieusement ? Nouveau coup de poignard. Pourquoi arrivait-il si facilement à la blesser alors qu'il restait parfaitement indifférent à ses larmes et ses mots ? Il avait un coeur ! Ou du moins, elle le pensait. Elle y avait cru. Elle croyait en beaucoup trop de choses et de personnes. Elle croyait en l'humanité.

-Oui, nous en avons beaucoup. Pour ma part en tout cas...

Elle l'avait finalement suivit et s'était assise à côté de lui, le regard toujours baissé. Elle aurait plus de courage pour lui dire ce qu'elle ressentait si elle ne le regardait pas. Sa présence était déjà tellement troublante et déconcertante pour elle qu'elle voulait garder un minimum de présence d'esprit.

-Un thé s'il te plait. Mais avant toute chose, il faut que je te pose une question.

C'était sortit d'un coup, comme si le fait de se mettre à parler lui donnait du courage. Après tout, il fallait qu'elle sache avant de poursuivre, sinon ça ne servirait à rien, puisque la réponse était d'une importance capitale pour elle. Elle se mordit la lèvre, ses doigts s'entortillant entre eux. Rongée par le stress et la tristesse, la demoiselle inspira profondément avant de tourner sa tête vers lui et de plonger ses yeux dans les siens.

-Est-ce que tu m'aimais vraiment ? Est-ce que seulement un seul jour tu m'as aimé ?

Voilà, c'était dit. Et maintenant, elle avait l'impression que tout le bar pouvait entendre son coeur marteler sa poitrine tantdis que la peur l'empêchait de respirer. Il fallait qu'elle sache, parce que si pas, elle n'avait rien d'autre à lui dire, ça confirmerait juste qu'il s'était toujours foutu d'elle, qu'elle n'avait rien été à ses yeux et qu'il n'avait aucun coeur.

Mais tout ça lui faisait mal. Après tout l'amour qu'elle avait eu pour lui, elle ne voulait pas croire qu'il n'y ait rien eu de son côté. Ce serait vraiment douloureux si tout ça au final n'avait rien été.

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Sa question avait franchit ses lèvres, c’était trop tard. Et puis de toute façon, elle se devait de savoir. Mieux valait souffrir dans la vérité que de se noyer dans un mensonge. Le problème n’était pas la question, mais la réponse. Etait-elle prête à tout entendre ? Non. Mais elle ne le serait jamais de toute façon. Elle ne pourrait jamais être prête à entendre qu’il n’y avait jamais rien eu de vrai dans ce qu’ils avaient partagés quelques moi durant. Elle avait la gorge tellement serrée qu’elle n’aurait pas pu avaler une goutte du thé qu’il lui avait servit. Elle y avait ajouté un sucre, comme à son habitude. Mais en fait, en face de Zack, elle ne savait plus, elle n’avait plus aucune habitude. Un sucre ? Deux ? Quatre ? Ca ne changerait rien, de toute façon, tout avait un gout amer et triste. Ca n’avait même pas de gout d’ailleurs.

Apparemment, le jeune homme ne s’était pas du tout attendu à ça. Son regard s’était fait plus dur et il se trouvait prit d’une passion pour un des murs de la salle. Mais la jeune femme ne s’était pas laissée démontée par l'attitude du garçon, patiente, elle le regardait, attendant qu’il daigne enfin lui réponde. Et il le fit, finalement.

Non, elle n’était pas du tout prête pour entendre ce qu’il venait de lui dire. Ses lèvres s’étaient entrouvertes sous l’effet de la surprise. Elle avait un peu froncé les sourcils. Se rendait-il compte de ce qu’il lui disait ? Il était injuste... Il se la jouait détendu mais Jane voyait parfaitement qu’il ne l’était pas. Après tout, c’était son job de remarquer ce genre de choses...

Toujours pantoise, elle n’avait rien dit, préférant le laisser continuer. De toute façon, elle n’avait plus rien à dire pour le coup. Néanmoins, dans toute sa bravoure, la demoiselle ne le quittait pas des yeux, elle voulait tout affronter en face, elle voulait qu’il lui dise la vérité. Elle ne le laisserai pas s’enfuir encore une fois sans explication. Elle la méritait et elle l’obtiendrai. Détaillant le jeune homme du regard, elle ne pouvait s’empêcher de le trouver encore plus beau que dans ses souvenirs. Bien qu’il semblait avoir perdu l’innocence qu’il lui restait encore quelques années auparavant. La dernière phrase qu’avait dit l’ancien vert et argent fit sortir Jane de sa torpeur.

-Non.

C’était sortit comme ça, de but en blanc, à la fois sec et sans appel. A la fois dur sans être méchant.

-Non, je ne te laisserai pas me faire ça.

Serrant sa tasse de thé dans sa main, elle ne sentait même pas que ça lui brûlait les doigts.

-Tu m’as laissée tomber, du jour au lendemain, sans aucune explication. Je t’aimais et tu m’as jeté comme si je n’étais qu’une inconnue sans importance. Alors non. Je ne te laisserai pas te défiler une fois de plus. Je veux que tu me réponde. Je veux la vérité. Et je veux une explication.

C’était clair et ferme, mais pas agressif ou méchant, il n’y avait même aucune pointe de reproche. Ce n’était pas du tout le genre de Jane.

-Zack, je... Son regard se fit plus doux et elle posa sa main chaude sur celle du jeune homme. J’ai besoin de savoir.

Son geste s’était fait de lui même, c’était son habitude d’être familière avec les autres, avec Zack ça venait du coeur, ça se faisait naturellement. Se mordant la lèvre, elle ne savait pas ce qu’il convenait de faire. L’enlever ou la laisser ? Quelque part elle voulait l’enlever, mais elle en était tout simplement incapable. Un frisson parcourait tout son corps, sentir sa peau, ça faisait tellement longtemps...

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Si il y avait bien une chose dont Jane n’avait pas peur, c’était de remonter les bretelles des gens qui en avait besoin. Malgré sa douceur et sa gentillesse, elle n’était pas du genre à se laisser faire cette petite jeune femme.Et aujourd’hui, alors qu’elle ressentait un mélange affreux de sentiments en elle, elle avait prit son courage à deux mains pour secouer le garçon. Elle avait abandonner un instant sa douceur pour qu’il se rende compte, pour lui montrer que ça comptait pour elle tout ça. Après tout, elle n’avait rien demandé, elle, à la base. C’était lui qui l’avait appelée. Il fallait assumer maintenant.

Quand il avait ouvert la bouche pour parler, les mots qui en sortirent ne furent pas ce qu’elle aurait pu s’imaginer. Mais ça ne faisait rien en fait, parce que maintenant, il la regardait. Déjà qu’elle ne pouvait pu bouger sa main, maintenant elle aurait été bien incapable de regarder autre chose que lui. Des mots mentaient mais pas un regard. C’était comme ça que Jane jaugeait les gens, seulement dans leur regard. Il y avait eu un silence, mais la patience de la demoiselle était grande et si elle devait attendre des heures, elle était prête à le faire.

A la question de l’ancien vert et argent, elle n’avait pas répondu. Oui, il le fallait vraiment. La demoiselle ne se laissa pas démonter, pas un instant, son regard ne cilla, elle continuerait à le regard, gravant chaque détail dans sa tête. Ses mots la touchèrent, elle n’avait même pas senti qu’il avait retiré sa main, elle l’avait juste vu faire. Mais une nouvelle fois, il cherchait à fuir, autant elle que la conversation. Et ça, il n’en était pas question. Sans attendre, elle s’était elle aussi levée, se plantant juste devant lui, très près, trop près probablement. Mais tant pis. Plongeant ses yeux une nouvelle fois dans ceux du jeune homme, elle s’appuya sur le peu de courage et de fierté qu’il restait en elle.

-C’est toi qui m’a appelée. Toi aussi qui m’a dit que nous avions des choses à nous dire et qui m’a invitée à prendre un verre. Et pour au final quoi ? Fuir à la première question que je te pose ? Tu n’es pas un lâche, alors ne fait pas comme si tu en étais un en te conduisant comme tel.

Elle avait tout dit d’une traite, de son habituel ton doux bien que sans appel. Il n’y avait aucune négociation possible, elle ne le laisserait pas partir, pas comme la dernière fois. Elle n’était plus la même que la dernière fois bien sûr et lui non plus, sans aucun doute.

-Pour toi, ça a peut-être été facile a gérer et a oublié, mais ça m’a brisée Zack. Et aujourd’hui encore j’ai du mal à m’en remettre. Il faut que tu m’expliques, j’ai besoin de comprendre pourquoi tu as abandonné une fille que tu aimais pour servir une cause que tu détestes.

Pendant qu’elle parlait, elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle avait posé ses mains sur le torse du jeune homme. Doucement, elle les enleva, si il n’avait pas gardé sa main sur la sienne, il n’allait pas garder les deux sur son torse.

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C’était dur. Bien trop dur d’avoir une conversation avec lui. Ca lui brisait autant le moral que le coeur. Elle avait l’impression que tout se craquelait, se désintégrait sur et en elle. En tant qu’infirmière, elle pouvait panser bien des plaies, soigner bien des blessures et elle faisait de son mieux pour être un soutien psychologique pour ceux qui en avaient besoin. Mais elle ? Qui serait là pour la soigner ? Qui serait là pour recoller chaque morceau ? Personne. Le pire c’était qu’elle avait cru qu’un instant, ce serait comme avant, qu’ils pourraient se parler en toute franchise, se dire les choses. Mais non. Même ça il en était incapable.

-Tu es un type bien. C’est bien dommage que tu te donnes juste autant de mal pour le cacher et pour prétendre que tu n’en es pas un.

Oublier leur relation bien sûr.... Elle n’avait rien compris à leur rupture, elle avait cru qu’après Poudlard, il y aurait un nous. Mais non. Justement, à la fin de ses études à Poudlard, elle avait perdu son école, son refuge et son amour. Ca avait été un désastre dans sa vie. Et c’est la rentrée dans ses études supérieures qui avait panser ses blessures en partie. Bosser, bosser et encore bosser. Faire des recherches, faire des tests, faire des potions, échouer et recommencer. Voilà ce qu’avait été sa vie. Et maintenant qu’elle allait mieux, elle avait prit un poste à Poudlard. Pas un instant elle n’aurait cru le croiser, elle le pensait tellement loin qu’elle ne s’était même pas inquiété de ça.

Si elle fut blessée par ses mots, ce n’était rien comparé à la blessure de voir son regard si froid sur elle. Elle se sentait mal, ayant l’étrange impression que des parties d’elle se détachaient pour tomber au sol. Elle ne savait pas comment agir. D’une part, elle avait envie de le gifler, tout en ne voulait pas lui faire du mal. D’une autre, elle aurait voulu lui crier dessus, sans savoir si elle avait la force d’y parvenir.

-N’essayes pas de jouer au connard avec moi. Je sais qui tu es, contrairement à tes... Collègues de travail.

Elle avait les yeux rivés sur lui, blessée mais l’affrontant tout de même du plus dignement qu’elle pouvait. Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus.

-On aurait pu trouver une solution, pour ta famille.

Parce que oui, il s'agissait bien de ça. Quoi d’autre sinon ? C’était ce qu’il avait de plus cher et probablement son point le plus sensible. Mais tout ça, ça n’avait rien à voir avec elle.

-Et même si il n’y avait pas de solution, que ton choix était celui qui assurait le mieux leur sécurité, tu n’étais pas obligé de me rayer de ta vie. Je n’aurais, et n’approuve pas ton choix, mais j’aurai été là pour toi, et tu le sais.

Elle laissa un silence bref, avant de reprendre.

-Mais peut-être que ça, ça ne comptait pas vraiment au final.

Et elle avait reculé, le regard fuyant avant de lui tourner le dos et de se diriger vers la porte d’entrée, ou de sortie en l'occurrence. Ne prenant même pas la peine d’accorder un regard vers ses amies qu’elle avait lâchement abandonné, ni même d’aller récupérer ses affaires. Il manquait cruellement d’air ici, donnant une impression de suffocation à la jeune femme.

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Voilà pourquoi elle ne sortait jamais. Il était la principale raison, elle avait toujours eu peur de le croiser depuis leur rupture. Et le jour où elle s’était méfiée le moins, il était réapparu, ravageant une nouvelle fois sa tête et son coeur. Son corps tout entier. Fini la Jane infirmière de Poudlard, elle n’était plus que l’adolescente face à son premier amour, celui qui la quittait, sans un mot d’explication, celui qui partait comme si rien n’avait jamais été entre eux.

Elle avait voulu partir et le planter là, le mal lui rongeant les entrailles mais ses mots l’avaient clouée sur place. Elle avait ouvert la bouche pour lui répondre, même si les larmes menaçaient déjà de couler et d’obstruer sa vue. Mais il était passé à côté d’elle comme une flèche, filant. Au final, c’était elle qui s’était faite plantée là. Les yeux brillants de larmes, elle avait filé en vitesse prendre ses affaires auprès de ses amies, ne leur adressant pas un mot et filant, elle aussi, dans l’air froid du soir.

A peine dehors, elle avait éclaté en sanglots, se laissant doucement glisser sur le sol. Elle avait ramené ses genoux contre sa poitrine et elle avait pleuré, évacuant comme elle le pouvait la peine qui l’enveloppait toute entière. Elle ne savait pas combien de temps s’était écoulé. Peut-être 10 minutes, peut-être des heures, mais elle avait finalement essuyé ses grands yeux tristes et c’était remise en chemin pour rentrer au château. Gardant son capuchon sur sa tête, elle avait masqué son visage au surveillant et avait regagné sa chambre, le coeur lourd, bien que brisé. L’amour décidément ne voulait pas lui ouvrir ses bras.

Elle avait jeté ses vêtements dans son bac à linge sale, s’était frottée avec une éponge avec force pour effacer cette journée et elle s’était remise à pleurer, toutes ses pensées dirigées vers cet homme qu’elle avait aimé, qu’elle aimait encore et qu’elle aimerait toujours. Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement oublié ? Une voix mesquine dans sa tête lui indiqua qu’il y avait un sort très simple pour ça, qu’avec ça, elle oublierait tout de lui, elle n’aurait plus à souffrir, elle effacerait de sa mémoire son image, ses souvenirs et sa souffrance. Et si elle l’envisagea un instant, la demoiselle se laissa tomber sur son lit, encore trempée de sa douche et avait sombrer dans un sommeil cauchemardesque.

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