Regrets - Caleb & Siobhan

C'était un endroit qu'elle avait toujours apprécié. Calme, même quand il y avait des gens, et vide là plupart du temps. Elle poussa la porte des serres, espérant que la vision paisible des plantes lui permettrait de faire un peu le tri dans ses pensées. Si ses études allaient bien, sa vie sentimentale avait pris un tournant compliqué qu'elle ne savait pas trop comment appréhender. Au lieu d'oublier l'incident avec Kennedy, elle ne pouvait pas s'arrêter d'y penser. Pire, les incidents semblaient s'être multipliés. Pas qu'elle n'aimait pas ça, chaque fois, son cœur semblait battre un peu plus vite et le plus petit mot se répétait dans sa tête en boucle pendant des heures. Mais ça n'aidait vraiment pas à revenir à une situation normale pour elle.

Elle marchait entre les rangées de plantes, laissant le bout de ses doigts trainer sur le bord d'une étagère. Il y avait tellement de souvenir ici. L'année précédente, elle avait l'habitude d'y venir avec Caleb, pour être un peu seuls. C'était romantique, en quelque sorte, entre les fleurs colorées et les plantes exotiques. Pourquoi est-ce qu'elle avait gâché tout ça ? Ce n'était pas qu'elle ne le trouvait pas attirant, ou qu'elle avait quoi que ce soit à lui reprocher. Elle avait juste, sans bonne raison, été l'organisatrice de son propre malheur. C'était ridicule. Elle s'assit sur un tabouret, près des tables de travail et appuya ses coudes pour reposer sa tête dans ses mains, ses longs cheveux et ses doigts cachant le reste du monde. Des larmes lui montaient aux yeux alors qu'elle se demandait qu'est-ce qu'il n'aillait pas chez elle. Elle pleurait silencieusement, mais c'était pas si grave, n'est-pas ? Il n'y avait que les plantes pour la voir.

Regrets
Siobhàn & Caleb — Les serres

Mes pas m’avaient mené jusqu’aux serres sans que je ne m’en rende vraiment compte, il faisait relativement beau cet après-midi, et la majorité des autres profitaient du parc. Ou de la bibliothèque pour les Serdaigle qui ne pensaient qu’aux études, ou encore le terrain de Quidditch. J’avais cru voir des gens voler, bah sûrement certains qui s’amusaient à faire une partie pour s’amuser. Personnellement ça ne m’intéressait pas. Et je me stoppais devant la porte des serres. Je n’étais pas sûr qu’y entré soit une bonne idée, mais pourquoi pas, il y’avait longtemps que je n’y étais plus allé en dehors des cours.

Je poussais la porte et je déambulais sans but dans la serre. J’y allais souvent avec Siobhàn l’année passée. Quand on était ensemble et qu’on voulait passer un peu de temps seuls. Les serres avaient été un bon endroit, peu de gens y venaient en dehors des cours.

Je me figeais en remarquant que je n’étais pas seul. Et j’eus un instant envie de faire demi-tour en voyant que c’était Siobhàn. Mais je remarquais qu’elle ne semblait pas aller bien, elle avait l’air en train de pleurer. J’hésitais un instant, je jetais un coup d’œil vers la porte, puis je me décidais et j’avançais vers elle.

« Hey... ça va pas ? » Mouais. Y’avait mieux pour débuter une conversation, mais je ne savais pas trop quoi dire d’autre moi.

Entre ses cheveux et ses doigts lui bloquant la vue et les bruits qu'elle faisait en pleurant, elle n'avait pas remarqué le pas de quelqu'un s'approcher d'elle. Quand elle entendit la voix de Caleb, elle sursauta violemment, se retournant pour le regarder en se demandant quand est-ce qu'il était arrivé. Elle s'empressa d'essuyer ses joues d'un revers de manche et de répondre à sa question, en gardant sa voix aussi stable que possible :

« Si... Ça va, c'est pas important. »

Il avait l'air... en forme. Elle ne l'avait pas vu beaucoup depuis l'année passée. C'était pour un mieux sans doute. Elle avait beau être obnubilée par Kennedy, le sourire facile et les yeux gentils du Gryffondor ne la laissait pas indifférente pour rien. Elle avait été amoureuse de lui et c'était d'ailleurs parce qu'elle tenait tant à lui qu'elle l'avait quitté. Parce qu'il n'avait pas à se trainer une copine bizarre qui avait peut-être une fascination pour quelqu'un d'autre, une fille par dessus le marché. Ce n'était pas juste pour lui. Pleins de bonnes raisons, mais ça ne rendait pas plus facile à gérer la culpabilité qui l'envahissait à chaque fois qu'elle l’apercevait. La nostalgie aussi. Il était manifestement venu pour être seul et elle n'allait pas l'ennuyer plus longtemps.

« Je vais y aller je crois. Je ne voulais pas te déranger. »

Elle essuya une dernière larme qui s'était échappée sans son consentement et prit la direction de la sortie, même si ça consistait à passer juste à côté de Caleb.

Regrets
Siobhàn & Caleb — Les serres

J’avais l’impression qu’elle n’allait pas bien, mais quelque chose me disait qu’elle ne voudrait pas m’en parler. Et effectivement, c’était bien ce que je me disais, elle me dit que si ça allait. En ajoutant que c’était pas important. Je levais les yeux au ciel. Oh franchement, je l’avais vue essuyer ses joues avec sa manche, donc elle était bien en train de pleurer.

Bon sang. Pourquoi est-ce qu’elle m’évitait comme ça ? D’accord, on était plus ensemble. D’accord, c’était elle qui m’avait quitté, sans explication. Mais après y avoir pensé pendant plusieurs jours, voire des semaines, j’avais laissé tomber. Si elle ne voulait pas s’expliquer, tant pis. Je n’allais pas l’interroger. Et je ne lui en voulais pas non plus. En plus, j’avais plus ou moins tourné la page, même si je tenais toujours à Siobhàn.

Elle me dit qu’elle allait y aller. Qu’elle ne voulait pas me déranger. Et je me retins de lever les yeux au ciel, à nouveau.

« Attends. » Soufflais-je en lui attrapant le bras doucement, je lui souriais un peu, avant de reprendre la parole : « Tu ne me dérange pas. C’est plutôt qui pourrait te déranger, non ? »

Je lui lâchais le bras et je me reculais un peu en jetant un coup d’œil autour de moi.

« Tu sais, sans vouloir être indiscret, mais si c’était pas important... tu n’aurais pas pleurer. » On ne pleurait pas pour rien, sans qu’il se passe quelque chose après tout.

Siobhan n'avait pas manqué la réaction du Gryffondor quand elle lui dit que ce n'était pas important. Mais qu'importe si il la croyait ou pas, si ça n'allait pas vraiment, ce n'était pas d'une importance capitale. Juste ses stupidités d'adolescente. Elle tenta une retraite anticipée, peut-être pour trouver un autre endroit où ruminer, sans gêner personne. Des doigts se posèrent sur son bras et elle s'arrêta d'avancer presque instantanément. Elle aurait du savoir que Caleb ne la laisserait pas s'enfuir comme ça. Elle se retourna doucement. Il lui souriait et une partie d'elle se disait qu'elle ne méritait vraiment pas ça. Il lui demanda si ce n'était pas plutôt lui qui la dérangeait et elle se mordit un peu l'intérieur de la lèvre. Elle avait voulu le laisser tranquille, pas... Mais maintenant qu'elle y pensait c'était logique qu'il ne le sache pas. Bon sang, elle avait été vraiment stupide. Elle secoua la tête en répondant doucement :

« Oh, non, pas du tout. »

Il semblait vouloir discuter et après tout ce temps à l'éviter, bon, les vacances d'été avait aidé aussi, elle ne pouvait pas vraiment trouver un prétexte crédible. Et puis, il avait raison, elle avait pleuré. Ça ne servait vraiment à rien d'aller contre ça. Elle lui faisait confiance, elle savait qu'il était compréhensif mais... De là à expliquer à son ex qu'elle pleurait sur la mouise dans laquelle elle était avec la fille pour laquelle elle l'avait quitté, plus ou moins, c'était une autre histoire. Et puis, ce n'était pas comme si elle manquait de raison de pleurer à part ça. La femme qui était morte, morte, dans ses bras, la dernière fois qu'elle avait mis les pieds au village, ou les Gryffondors qui s'étaient fait mâchouiller et Caleb qui y avait échappé de peu... Son esprit n'était pas exactement serein.

« Probablement. Mais ce n'est pas vraiment quelque chose qui peut être résolu, donc en parler... » Elle haussa un peu les épaules en baissant les yeux. « Ça ne servirait pas à grand chose. » Et puis, en général, Sio n'avait jamais adoré raconter sa vie ou ce qu'il se passait dans sa tête, elle préférait écouter. Elle se força à reposer son regard sur lui. « Tu... Tu vas bien ? » Une petite pause. « Je ne voulais pas te donner l'impression que tu me dérangeais. »